Une nouvelle étude menée par des pédiatres canadiens vient une fois de plus démontrer que le trampoline est dangereux pour les enfants. Ce jeu entraîne des risques de blessures majeures. C'est pourquoi les gouvernements devraient en interdire l'utilisation, selon les auteurs de l'étude publiée dans le dernier numéro du journal Pedriatrics and Child Health. L'équipe du Dr Ari Joffe, de l'hôpital Stollery Children's à Edmonton, a fouillé les archives médicales de son établissement pour répertorier tous les cas d'enfants ayant subi des blessures au cou en jouant sur un trampoline entre 1995 et 2006. Sept cas ont été relevés. Parmi eux, un enfant a succombé subitement à ses blessures, un autre est maintenant tétraplégique et trois autres souffrent d'incapacités partielles.

Parce que le trampoline comporte de hauts risques de blessures et que sa popularité est croissante, le Dr Joffe estime que les gouvernements devraient en interdire l'utilisation. Deux médecins montréalais joints par La Presse n'osent pas aller si loin. Chirurgientraumatologue à l'hôpital du Sacré- Coeur, le Dr Pierre Garneau traite très peu de cas de traumatismes crâniens liés aux trampolines chaque année. «Ce n'est pas une épidémie, parce qu'il y a très peu de participants», dit-il. Le Dr Garneau ajoute que les jeunes adeptes de ski et de planche à neige risquent bien plus de subir un traumatisme crânien. «Comme dans tout sport acrobatique, c'est le manque d'encadrement qui met les jeunes à risque, dit-il. Le trampoline dans la cour est aussi dangereux que les parcs de planches à roulettes et de planches à neige qui n'ont pas de supervision. Il faut toujours faire attention.» Le Dr Claude Mercier, neurochirurgien au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, est du même avis. Selon lui, le trampoline peut «entraîner des traumatismes crâniens et cervicaux». «Ce n'est pas banal. Mais de là à vouloir les bannir, il ne faut pas exagérer ! « dit-il. Le Dr Mercier traite très peu de traumatismes liés aux trampolines. «Je vois bien plus d'enfants qui ont subi un traumatisme crânien ou cervical à cause d'un accident d'auto ou de vélo «, dit-il. Le Dr Mercier ajoute que le trampoline, comme toute activité physique, est bénéfique pour l'enfant. «Plutôt que de l'interdire, il faut plutôt prendre des mesures pour le rendre sécuritaire «, dit-il.

 

Ce n'est pas la première fois que le trampoline est dans la ligne de mire des médecins. En 1997, la mort d'un jeune utilisateur avait soulevé la controverse au Québec. L'Hôpital de Montréal pour enfants avait sensibilisé le public. Le coroner avait recommandé au département d'éducation du Québec de ne pas offrir de cours de trampoline sans supervision adéquate. En 2007, la Société canadienne de pédiatrie et l'Académie canadienne de médecine sportive ont publié une déclaration recommandant que les trampolines ne soient pas utilisés dans les maisons ou dans les cours.