Une alimentation riche en taurine pourrait contribuer à réduire la toxicité visuelle d'un médicament antiépileptique pour enfants, selon des chercheurs qui ont trouvé une explication à cet effet indésirable.

Le vigabatrin (commercialisé en France sur le nom de Sabril), utilisé dans le traitement de l'épilepsie de l'enfant de moins de 2 ans, peut provoquer des rétrécissements du champ visuel (vision en tunnel) irréversibles, constatés sur 10 à 40% des patients selon les études.

Serge Picaud, directeur de recherche à l'Inserm et ses collègues de l'Institut de la vision (Paris) ont trouvé l'origine de cet effet secondaire et des stratégies pour le limiter.

Les chercheurs, dont les travaux sont parus dans le mensuel américain Annals of Neurology, ont montré par des expériences sur des rongeurs que le vigabatrin entraîne une forte diminution du taux sanguin d'un acide aminé, la taurine, avec pour conséquence une dégénérescence des cellules de la rétine induite par la lumière.

En attendant la confirmation de l'intérêt de supplémenter en taurine les patients sous vigabratin, les chercheurs proposent des solutions : «D'abord, vérifier que les patients sous vigabatrin consomment suffisamment d'aliments (viande, poisson) contenant de la taurine. Il importe également de les exposer le moins possible à la lumière (pas de veilleuses dans les chambres des bébés la nuit par exemple) et de leur faire porter des lunettes de soleil», précise Serge Picaud.

Ce médicament anticonvulsivant est toujours prescrit en raison de son efficacité chez l'enfant (spasmes infantiles dits syndrome de West, maladie de Bourneville).

«La taurine tout le monde connaît grâce au Red Bull, la boisson énergisante controversée», dit à l'AFP Serge Picaud. Il «conseille aux familles de se rapprocher des neurologues plutôt que de se lancer dans une sorte d'automédication en donnant des suppléments de taurine à leurs enfants, car on ignore ce que cela pourrait donner sur leur état de santé».

Egalement administré aux adultes après échec d'autres traitements, le vigabratin est en cours d'évaluation pour traiter des addictions (héroïne, cocaïne, métamphétamines).