Il faut se remettre en forme? Hop, on s'inscrit à un centre d'entraînement. C'est pratiquement un réflexe. Or, le gym, ce n'est pas nécessairement pour tout le monde. Pourquoi ne pas explorer d'autres types d'activités physiques?

Le plaisir d'abord

Luc Nadeau s'y connaît en centres d'entraînement physique. Professeur au département d'éducation physique à l'Université Laval, chercheur, il fréquente lui-même un gym. Mais il sait très bien que ce n'est pas une panacée.

«Pour avoir travaillé longtemps dans des salles d'entraînement, je sais très bien que ce n'est pas tout le monde qui aime ça.»

En fait, le taux de décrochage est très élevé. Des études américaines ont montré que 80 % des personnes qui s'inscrivaient à un gym en janvier (les fameuses résolutions du Nouvel An!) abandonnaient au cours des cinq premiers mois.

«Les gens pensent à se remettre en forme, ils pensent au gym, ils vont au gym, ça ne marche pas vraiment pour eux, ils n'aiment pas ça, ils sentent qu'ils ne sont pas à leur place, ils décrochent», analyse Michelle Fortier, professeure à l'École des sciences de l'activité physique de l'Université d'Ottawa et spécialiste en psychologie de l'activité physique.

«Ils finissent par ne plus faire d'activité physique du tout, alors que s'ils avaient essayé autre chose, un cours d'aquaforme, un cours de yoga, quelque chose plus en lien avec leur personnalité, ils auraient eu plus tendance à persévérer», poursuit Mme Fortier.

Et pourtant, les gens pensent «quasi automatiquement» à un gym lorsqu'on leur demande ce qu'est l'activité physique, déplore Mme Fortier.

«Ils ne pensent pas nécessairement à prendre une marche, à faire du vélo, à faire une excursion, affirme-t-elle. Ils pensent au gym.»

Pourquoi ce réflexe? Les centres de conditionnement physique font beaucoup de publicité, on en parle dans les médias, dans les médias sociaux, il y a peut-être un gym sur le lieu de travail, énumère Mme Fortier.

Plusieurs font aussi une association entre l'exercice, la perte de poids et les gyms.

«Le problème, c'est que l'activité physique n'est pas une bonne stratégie pour la perte de poids, affirme Mme Fortier. Il y a énormément de preuves scientifiques qui montrent que c'est à 80-90 % une question d'alimentation.»

Bien des gens vont quand même s'inscrire à un centre de conditionnement physique pour perdre du poids.

«Soit ils travaillent super fort au gym et ils ne perdent pas de poids parce qu'ils ne changent pas leur alimentation: ils deviennent découragés et ils décrochent du gym. Soit ils sont chanceux, ils vont au gym, ils s'entraînent fort, ils perdent du poids et ils arrêtent d'y aller parce qu'ils ont atteint leur but.»

Selon elle, il faut dissocier l'activité physique et la perte de poids, «parce que l'activité physique est associée à tellement d'autres bienfaits».

Or, les avantages de l'activité physique sur le plan de la santé ne sont pas vraiment visibles.

«Ce n'est pas quelque chose de spectaculaire, affirme Luc Nadeau, de l'Université Laval. Ce qui se passe au niveau de nos vaisseaux sanguins, de notre coeur, de nos poumons, de notre cerveau, de notre santé psychologique, ce n'est pas quelque chose qu'on voit sur une balance.»

Au lieu de s'inscrire automatiquement à un gym, bien des gens auraient avantage à changer d'abord certaines choses dans leur vie quotidienne, indique M. Nadeau: marcher un peu plus, prendre les escaliers plutôt que l'ascenseur, prendre le vélo.

Mais est-ce suffisant?

«C'est un grand débat, affirme M. Nadeau. La Santé publique va dire qu'il faut faire tel nombre de minutes d'activité physique de manière intense, chaque jour ou deux ou trois fois par semaine. Je pense qu'on passe à côté de la question. La première préoccupation c'est de faire bouger les gens. L'intensité, la fréquence, ça devrait être la deuxième ou la troisième préoccupation.»

En fait, ces normes risquent carrément de décourager les gens.

«Pour une personne sédentaire, passer de zéro à 30 minutes d'activité physique, c'est une montagne, elle va rester sédentaire, soutient M. Nadeau. Et j'entends trop souvent les gens dire qu'ils iraient bien s'entraîner ou faire de l'activité physique dehors mais que ce ne sera pas assez long. Alors, ils laissent tomber. Or, juste une petite minute, ou cinq minutes, ce sont des minutes gagnantes pour la santé.»

Les gens qui essaient de se remettre en forme peuvent également se sentir dépassés lorsqu'on leur dit qu'il faut faire tel ou tel exercice pour travailler le cardio, l'endurance, la flexibilité, la force musculaire.

«On peut développer un programme d'exercices parfait pour quelqu'un, qui travaille la flexibilité, la force, l'endurance, le haut du corps, le bas du corps, mais si la personne n'est pas motivée à le faire, ça donne quoi? demande Michelle Fortier, de l'Université d'Ottawa. Laissons faire les détails. Est-ce qu'on ne peut pas tout simplement faire bouger les gens pour le plaisir?»

Le mot est lancé: plaisir.

«C'est ce qui est le plus important. À partir du moment où vous commencez à bouger et que vous aimez ça, vous serez le premier à vouloir en faire davantage et à atteindre les normes de la Santé publique.»

Selon lui, avec le temps, les gens prennent eux-mêmes conscience des carences qu'ils peuvent développer s'ils ne pratiquent qu'une activité. Ils peuvent trouver moyen de compenser.

«Les coureurs vont souvent s'adonner à une autre forme d'activité l'hiver, comme le ski de fond, qui sollicite davantage le haut du corps, ou la natation, indique-t-il. Celui qui fait du yoga peut décider de marcher pour aller à son cours plutôt que de prendre la voiture.»

Il ne faut donc pas trouver une activité qui plaît, mais plusieurs «parce que le contexte n'est pas toujours approprié».

«S'il fait -32 ºC, celui qui aime le plein air ne sera peut-être pas porté à aller jouer dehors, rappelle M. Nadeau. Il y a d'autres activités qu'il peut faire.»

Photo Bernard Brault, Archives La Presse

Pour un adepte de la course à pied, le ski de fond peut être le sport idéal à pratiquer durant l'hiver, car il lui permet de travailler davantage le haut du corps.

Trouver une activité à son goût

De plus en plus, on trouve des kinésiologues dans des cliniques médicales ou des CLSC pour aider les gens à trouver une activité physique à leur goût.

«C'est le modèle que je préfère, affirme Michelle Fortier, professeure à l'École des sciences de l'activité physique de l'Université d'Ottawa. Le médecin n'a pas le temps de faire ça, et ce n'est pas son secteur d'expertise. Il peut référer son patient à un kinésiologue pour l'aider à trouver des activités qui pourraient être plaisantes pour lui.»

Elle juge important que ce type de service soit gratuit.

«La majorité des gens qui ont vraiment besoin d'aide sont des gens qui ne peuvent pas se payer un entraîneur personnel, ce sont des gens démunis qui ont plusieurs problèmes de santé.»

Mme Fortier a été la première à mettre sur pied un cours de «counselling en activité physique» au Canada pour outiller les kinésiologues. Il faut qu'ils apprennent à bien connaître leurs clients pour pouvoir les conseiller. Pour ce faire, ils peuvent utiliser des questionnaires ou poser des questions ouvertes. Ils doivent aussi connaître les ressources du quartier: y a-t-il des patinoires? Des pistes cyclables? Des terrains de tennis? Des clubs de handball? Des studios de danse?

Photo Olivier PontBriand, Archives La Presse

Suggestions d'activités

Individuel ou collectif

Certains aiment les sports collectifs, d'autre pas.

> Voici des activités pour les individualistes: jogging, vélo, patinage, natation

> Voici des activités pour les gens d'équipe: hockey, volleyball, water-polo, ballon-balai

Dehors ou dedans

Certains aiment le grand air, d'autres préfèrent l'intérieur.

> Voici des activités qui peuvent se pratiquer à l'intérieur: escrime, danse sociale, handball, ping-pong

> Voici des activités pour apprécier le grand air:  ski de fond, raquette, kayak, randonnée pédestre

Dépense énergétique

Ce n'est pas tout le monde qui aime suer.

> Voici quelques activités à faible dépense énergétique: pilates, taï-chi, yoga, golf

> Voici des activités pour ceux qui aiment se donner à fond: danse aérobique, spinning, squash, soccer

Niveau de compétitivité

Certaines personnes sont compétitives, d'autres non.

> Voici des activités pour ceux qui n'aiment pas la compétition: aquaforme, canot, danse classique, travaux dans la cour

> Voici des activités pour ceux qui aiment gagner: tennis, baseball, basketball, football, hockey

Niveau de risque

On peut se blesser dans n'importe quelle activité physique mais certaines activités sont plus à risque que d'autres.

> Voici quelques activités plutôt sûres: jardinage, quilles, marche, golf

> Voici quelques activités qui peuvent présenter plus de risques: escalade, hockey, équitation, arts martiaux

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

La remise en forme ne passe pas forcément par le gym. Pratiquer une activité sportive comme l'escalade peut être un moyen tout aussi efficace de se dépenser physiquement.