L'été est terminé depuis un bon moment, mais ce n'est pas une raison pour ranger son maillot de bain. Il faut toutefois faire un peu de recherche pour trouver une piscine bien à son goût afin de multiplier les longueurs.

Naviguer parmi les horaires

Les arbres se dénudent, les jours raccourcissent, le froid s'installe. Pour plusieurs, c'est un réel plaisir de se réfugier à l'intérieur et de plonger dans une eau bien tiède pour faire des longueurs. Encore faut-il trouver la piscine idéale, et faut-il que les heures de bain libre vous conviennent.

Or, tous les quartiers de Montréal ne sont pas égaux. Alors que certains arrondissements peuvent compter sur de superbes piscines ensoleillées, accessibles en tout temps ou presque, d'autres ne disposent d'aucune piscine publique. C'est notamment le cas d'Outremont et de Pierrefonds-Roxboro. Entre les deux, on trouve des piscines publiques qui présentent des horaires de bain libre si alambiqués qu'il faut pratiquement un doctorat pour les déchiffrer.

On trouve 75 piscines ou complexes aquatiques intérieurs sur le territoire de Montréal, ce qui représente 99 bassins de différentes tailles. Parmi eux, 31 piscines ou complexes (soit 44 bassins) appartiennent à la Ville.

Les autres appartiennent notamment à des établissements scolaires, à des organismes à but non lucratif ou sont sous la responsabilité du gouvernement du Québec (comme la Régie des installations olympiques ou les centres de réadaptation).

La Ville de Montréal a conclu des ententes avec divers organismes et établissements, comme l'école secondaire d'Anjou, le collège Sainte-Anne, le cégep du Vieux Montréal ou le YMCA du Parc, pour avoir accès à des périodes de bain libre dans les piscines.

Ces périodes peuvent toutefois être limitées: pour bien des nageurs, une plage horaire de 21 h à 21 h 50 est un peu juste pour constituer un entraînement adéquat.

L'accès aux piscines municipales est généralement gratuit, mais il faut payer pour accéder à certaines installations, comme l'Aquadôme, la piscine du Centre Père-Sablon ou la piscine du centre sportif du Parc olympique.

À la Ville de Montréal, on reconnaît que certains quartiers sont mieux desservis que d'autres, comme Ville-Marie (huit piscines et complexes aquatiques), Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (sept piscines et complexes aquatiques) et Ahuntsic-Cartierville (six piscines et complexes aquatiques).

«Dans l'arrondissement d'Outremont, il n'y a pas de piscine intérieure, indique Jacques-Alain Lavallée, relationniste à la Ville de Montréal, dans un courriel. Cependant, celui-ci bénéficie tout de même de la proximité de deux équipements aquatiques localisés dans les arrondissements limitrophes, soit le CEPSUM [Centre de l'éducation physique et des sports de l'Université de Montréal] et le YMCA du Parc.»

De nouvelles piscines prévues

Il souligne que le Plan d'intervention aquatique 2013-2025 de la municipalité prévoit la construction de nouvelles piscines intérieures dans les quartiers sous-dotés.

«Le projet de construction du Complexe aquatique de Rosemont est présentement en cours», rappelle M. Lavallée. Les plans et devis sont en cours de réalisation. Une étude est aussi en cours pour l'éventuelle création d'une piscine pour les arrondissements de L'Île-Bizard-Sainte-Geneviève et de Pierrefonds-Roxboro.

Alors que les cyclistes «ordinaires» peuvent compter sur Vélo Québec pour défendre leurs intérêts, aucun groupe de pression ne représente les nageurs récréatifs.

«À la Fédération de natation du Québec (FNQ), nous représentons les membres inscrits à des clubs de natation, donc associés à la pratique du sport organisé, note Isabelle Ducharme, directrice générale de la FNQ. C'est tout le sport non organisé [en natation] qui n'a pas de lobby, pas de représentation. Souvent, ça prend des initiatives de citoyens.»

C'est justement ce qui s'est passé dans Ahuntsic avec la piscine du Complexe sportif Claude-Robillard, un bassin de 50 mètres divisé en deux à l'aide d'un mur. En 2014, quelques citoyens se sont organisés lorsque les responsables ont éliminé le bain libre dans la section profonde du bassin.

«Le bain libre ne se retrouvait plus que dans la section peu profonde, déplore Jean La Roche, un usager de la piscine. Ce n'est pas évident de nager là-dedans. Mes mains touchent parfois le fond et pour ceux qui font des culbutes [pour changer de direction à la fin d'une longueur], c'est un peu hasardeux. Et dès qu'on est quatre ou cinq, ça fait des vagues dans le fond.»

M. La Roche et quelques autres citoyens, comme Jean-Luc Malo et Vincent Camarda, ont fait signer une pétition à environ 700 personnes et ont réussi à récupérer les heures de bain libre perdues dans le bassin profond.

Maintenant, ils cherchent à obtenir encore davantage d'heures de bain libre.

«Nous ne voulons pas enlever du temps à CAMO Natation ou CAMO Waterpolo, nous voulons juste utiliser l'espace qui est disponible, nous voulons l'optimiser.»

Il y a effectivement des plages horaires qui sont libres, mais les responsables ont expliqué aux citoyens que le budget ne permettait pas de payer les heures de surveillance supplémentaires.

«C'est un peu incompréhensible, quand on regarde les coûts fixes d'entretien de tout ce centre sportif-là, qui est un joyau, lance M. La Roche. Comme citoyen, je paie des taxes. Ça serait bien d'en récupérer les bénéfices. Tout ça alors qu'on a une nouvelle politique de la Ville de Montréal pour favoriser l'activité physique. Je ne comprends pas.»

M. La Roche et ses amis vont continuer à demander plus d'heures de bain libre. Ils souhaitent que les succès remportés jusqu'ici inspirent les citoyens d'autres arrondissements.

«J'espère que d'autres gens vont s'organiser», lance M. La Roche.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Les nageurs récréatifs de la province ne peuvent malheureusement compter sur aucun groupe de pression pour défendre leurs intérêts. La Fédération de natation du Québec (FNQ) représente exclusivement les nageurs inscrits à des clubs de natation.

Les meilleures piscines

Chaque nageur a ses préférences. Voici une petite liste qui peut lancer la discussion sur les meilleures piscines de la région métropolitaine.

La plus belle

Piscine du Parc olympique

Le centre sportif du Parc olympique, un legs des Jeux olympiques de 1976, comprend en fait deux piscines accessibles aux simples citoyens: le bassin de compétition et le bassin d'entraînement. Les deux peuvent être configurés en bassins de 25 ou de 50 mètres grâce à un mur hydraulique. Le bassin de compétition jouit d'un décor grandiose: impossible de se sentir à l'étroit sous ce plafond surélevé. Le bassin d'entraînement, situé sous les gradins, est plus intime. Un grand nombre de corridors sont disponibles de 6 h le matin à 21 h 55. Il faut toutefois payer 6,74 $ par visite, ou 269 $ par année (taxes en sus).

La plus ensoleillée

Piscine du YMCA de Cartierville

Plusieurs piscines construites récemment sont dotées de vastes baies vitrées pour laisser entrer le soleil. C'est le cas de la piscine du YMCA de Cartierville. Le complexe, ouvert en 2010, comprend une piscine de 25 mètres et un bassin récréatif. La piscine est accessible aux membres du YMCA, mais aussi à la population en général à des heures précises, essentiellement en fin de soirée tous les jours de semaine, mais aussi tôt le matin, à l'heure du dîner et en fin d'après-midi les mardis, jeudis et vendredis. L'accès est alors gratuit aux résidants de Montréal.

La plus pittoresque

Piscine Quintal

La piscine Quintal fait partie d'une vingtaine de bains publics aménagés par la Ville de Montréal entre les années 1883 et 1933, alors que beaucoup de logements ouvriers ne comportaient pas de salle de bains. Située dans l'arrondissement de Ville-Marie, la piscine Quintal fait partie de la dernière vague de construction, en 1932, en pleine dépression. Le bâtiment qui abrite la piscine a gardé son apparence originale. Le décor du bassin lui-même renvoie à une autre époque. Les heures de bain libre sont limitées, soit essentiellement le mardi et le mercredi en après-midi et en début de soirée, et du jeudi au samedi à l'heure du dîner. Toutefois, l'entrée est gratuite.

La plus ludique

Complexe aquatique Michel-Leduc (Aquadôme)

L'Aquadôme vient de rouvrir ses portes après des rénovations. Le complexe, situé dans l'arrondissement de LaSalle, comprend une piscine de 50 mètres divisée en deux bassins de 25 mètres, un bassin récréatif avec jeux d'eau et des glissades d'eau. Bref, les enfants peuvent s'amuser (sous la surveillance de papa) pendant que maman fait ses longueurs. Les horaires varient, mais en gros, la piscine principale est ouverte à tous le midi et en fin d'après-midi, et elle est réservée aux adultes tôt le matin et en soirée.

La plus belle en banlieue

Complexe aquatique Laurie-Eve-Cormier

Boucherville vient tout juste d'inaugurer son tout nouveau centre sportif, qui comprend deux piscines de 25 mètres et un bassin récréatif. Grâce au grand nombre de corridors disponibles (18), le centre peut se permettre d'offrir du bain libre du matin au soir, tout en proposant des cours de natation, de l'aquaforme et d'autres activités dirigées. Le bain libre coûte 7 $ par séance, ou 3,50 $ avec une carte Accès-Boucherville.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Quelle est la meilleure piscine de la région de Montréal? Une question qui peut avoir autant de réponses qu'il y a de nageurs.