Au Québec, le nombre d'enfants qui font des triathlons - ces compétitions où ils enchaînent nage, vélo et course - augmente d'année en année. Cela peut paraître fou si on pense aux exploits surhumains des Ironman. Mais il s'agit surtout d'apprendre à nager, pédaler et courir en s'amusant.

Se dépasser dès le plus jeune âge

Charles Arsenault a commencé à faire des triathlons à... 8 ans. C'était en 2012. Son frère Antoine s'y est mis l'année suivante, à 7 ans. L'année d'après? Leur soeur Laura les a rejoints dans l'aventure, à 6 ans. «Nos enfants adorent faire du triathlon parce qu'ils ont du plaisir, du réel plaisir», dit Louis Arsenault, leur père, triathlète comme sa conjointe, Shirley Marquis.

Chez les jeunes, l'engouement pour le triathlon - une discipline où les athlètes font de la natation, du vélo et de la course - est grandissant. Triathlon Québec comptait environ 900 membres de 15 ans et moins, à la fin de 2016. Leur nombre a presque triplé en dix ans, indique Francis Sarrasin Larochelle, coordonnateur technique des programmes de développement et d'excellence à Triathlon Québec.

Un programme de triathlons scolaires permet d'initier de plus en plus de jeunes à ce sport. Alors qu'en 2012, 5700 enfants ont participé à un triathlon dans leur école au Québec, ce chiffre a dépassé 15 000 l'an dernier.

Hors des écoles, «de plus en plus de clubs de triathlon offrent des volets jeunesse», précise M. Sarrasin Larochelle. Quant aux compétitions, qui ont lieu presque tous les week-ends d'été, «celles qui n'offrent pas de triathlon pour les jeunes sont l'exception», ajoute-t-il.

Dès l'âge de 4 ans

Il est possible de s'inscrire à son premier triathlon dès l'âge de... 4 ans. Les distances sont alors courtes : 25 mètres de nage, 1 km de vélo et 250 m de course. Quand même, traverser une piscine semi-olympique avant d'entrer en maternelle, n'est-ce pas tout un exploit? «Les enfants ont le droit d'avoir des flotteurs, nuance M. Sarrasin Larochelle. Quand c'est dans un lac, souvent, ils touchent à terre, alors ils nagent un peu, se donnent une poussée au fond, marchent un peu... En vélo, certains ont encore des petites roues. C'est vraiment pour la participation.»

Triathlon Québec limite les distances que les triathlètes en herbe sont autorisés à franchir. «Même quand on a des courriels de parents qui nous disent que leur enfant est capable de faire plus, on refuse», dit M. Sarrasin Larochelle.

Distances maximales autorisées par Triathlon Québec

Âge au 31 décembre de l'année en cours - Natation - Vélo - Course

U5 (4-5 ans) - 25 m - 1 km - 250 m

U7 (6-7 ans) - 50 m - 1,5 km - 500 m

U9 (8-9 ans) - 100 m - 3 km - 1 km

U11 (10-11 ans) - 200 m - 5 km - 1,5 km

U13 (12-13 ans) - 375 m - 10 km - 2,5 km

U15 (14-15 ans)* - 375 m - 10 km - 2,5 km

* Pour la catégorie U15, Triathlon Québec peut autoriser des distances de 500 m - 10 km - 4 km dans le cadre de certains événements.

La pratique se veut ludique, sans vélo à 15 000 $ comme on en voit dans les Ironman. «Tous les types de vélo à propulsion humaine seulement sont autorisés», précise Triathlon Québec dans un document d'information pour les jeunes. Fait intéressant, aucun podium n'est présent pour les 11 ans et moins, «afin de promouvoir la participation et de favoriser le sentiment d'accomplissement».

Si un ruban ou une médaille est remis, c'est à tous les petits triathlètes. «Notre circuit de compétition, où on compte les points des athlètes, ne commence qu'à 12 ou 13 ans», indique M. Sarrasin Larochelle.

PHOTO NINON PEDNAULT, LA PRESSE

Ce sport plaît notamment parce qu'il regroupe trois disciplines: natation, vélo et course. «C'est beaucoup moins monotone que de s'entraîner dans un sport uniquement», fait valoir Louis Arsenault, entraîneur du club 3FNRGIE.

Développer des habiletés

Les entraînements des enfants sont aussi très différents de ceux pour ados et adultes. Pas question de faire de longues distances. Ce n'est qu'après la puberté et leur poussée de croissance «que les jeunes peuvent suivre un entraînement physiologique plus avancé», stipule Triathlon Canada dans son guide pour les parents.

«Avec les 11 ans et moins, on pratique les habiletés, explique Marie-France Beaumont, vice-présidente du club de triathlon Tri-O-Lacs, de la région de Vaudreuil-Soulanges. Les enfants font du slalom autour de cônes, sautent par-dessus des bâtons de hockey, etc.» Gros atout: les entraînements des jeunes ont lieu en même temps que ceux des adultes, ce qui permet à toute la famille de bouger.

Le club Tri-O-Lacs offre un maximum de quatre ou cinq heures par semaine d'entraînement aux enfants de 11 ans et moins. 

«Le développement d'un athlète se fait à long terme. C'est important que l'enfant n'en fasse pas trop, pour éviter qu'il s'écoeure. Adolescents, s'ils le veulent, ils peuvent s'entraîner de 10 à 15 heures par semaine.»

Une bonne douzaine d'écoles secondaires du Québec offrent un programme sport-études en triathlon. «Dès septembre, nous aurons un premier sport-études au collégial au Québec, au cégep de Sainte-Foy», indique Steve Horth, entraîneur-chef du club Bionick Triathlon de Lévis.

Créer son club de triathlon

Quant à la famille Arsenault, elle a mis sur pied un club réservé aux jeunes, l'équipe 3FNRGIE. «Les trois F représentent les valeurs très précieuses qui sont à la base de sa création, dit M. Arsenault, qui est l'un des entraîneurs bénévoles. Le plaisir [fun en anglais], les amis [friends] et le sport [fitness].» Les entraînements de l'équipe ont lieu à Varennes, Sainte-Julie, Verchères et Boucherville.

«Le triathlon amène nos enfants à développer leur esprit sportif, à gérer les victoires et les défaites, et ce, dans le respect des autres athlètes, des entraîneurs, des officiels et des bénévoles», estime M. Arsenault.

Ou, comme le dit Triathlon Canada: «Le triathlon enseigne que, bien que la vie pose de nombreux défis, vous contrôlez la manière dont vous réagirez face à ces difficultés ou obstacles.» C'est aussi utile que de savoir nager, pédaler et courir.

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Laura Arsenault avec des amies de l'équipe 3FNRGIE