Les Montréalais aiment le vélo et celui-ci le leur rend bien. De plus en plus de montures sont non seulement conçues ici, mais aussi fabriquées chez nous. Coup d'oeil sur deux nouvelles initiatives bien locales et originales: Picolo vélo et Cycles Adsum.

Adsum, fait à la main à Montréal

Entreprise: Adsum Cycles

Fondateurs: Frédéric Bleau, Marjorie Pleau-Martin et Jean-Philippe Senécal Roy

Lancement officiel: juin 2016

Prenez trois étudiants à l'université - en génie mécanique, en communications et en administration - qui retapent des vélos dans leurs temps libres et il y a de bonnes chances que la somme de leurs intérêts communs donne une entreprise tout à fait hors du commun.

C'est ce qui est arrivé à Frédéric Bleau, Marjorie Pleau-Martin et Jean-Philippe Senécal Roy, qui, avec Adsum Cycles, conçoivent et fabriquent des vélos bien de chez nous.

«La conception, le design, le machinage, la soudure, la peinture, l'assemblage, c'est tout fait ici», résume un des associés, Jean-Philippe Senécal Roy. Les vélos sont fabriqués dans leur atelier de Lavaltrie, mais ils possèdent aussi un bureau à Montréal, avenue Casgrain, où ils rencontrent leurs clients.

Les trois comparses se sont servis de leur propre expérience en tant que cyclistes urbains pour imaginer des montures conçues expressément pour la ville - et ses nombreux obstacles.

«Il y a les pistes cyclables, les bords de rue, les voitures, les nids-de-poule... Il faut que le vélo soit réactif, mais confortable aussi. On a un vélo de ville performant», précise Jean-Philippe Senécal Roy.

En guise de matériau, ils ont opté pour de l'acier chromoly 4130, réputé pour sa solidité. «C'est un acier qui n'a pas besoin d'être très épais pour être solide, soutient M. Senécal Roy. Il est donc beaucoup plus léger que l'acier standard, parce qu'on en a besoin de moins en épaisseur. En plus, l'acier est ultrafiable comme matériel.»

Trois modèles

Leurs trois modèles - Baron, Mint et Lecktro - sont offerts dans une panoplie de teintes, souvent pastel, qui donnent aux montures un style un peu rétro. «On voulait quelque chose de qualité, mais d'esthétique aussi», ajoute le cofondateur d'Adsum. Leurs vélos ont effectivement un look très léché et sont offerts en versions sept vitesses ou single speed.

De plus, aucun collant (qui pourrait retrousser avec le temps) n'est apposé sur le vélo, puisque tout y est peint. Quant aux autres accessoires, ils ont été minutieusement choisis, de la selle Brooks à la guidoline. Celle-ci est faite de coton tissé à Montréal, qui est ensuite recouvert d'un vernis naturel.

En fonction des modèles, des couleurs et des grandeurs, les cyclistes peuvent ainsi personnaliser leur vélo. Pas étonnant alors que les montures soient fabriquées une par une dans le plus grand soin. Les trois associés proposent d'ailleurs aux clients de les rencontrer pour essayer les vélos et, au besoin, faire des ajustements avant la livraison. «Il ne s'agit pas seulement d'aller sur le site et de s'acheter un vélo. Il faut aussi être à l'aise dessus et l'aimer», précise M. Senécal Roy.

Malgré tout, leurs vélos restent abordables: 1200 $ pour les modèles à vitesse unique, 1350 $ pour les sept vitesses.

Depuis le lancement, début juin, le bouche-à-oreille fait son oeuvre. Au point où la comédienne Sarah-Jeanne Labrosse s'est procuré un vélo Adsum, qu'elle a fièrement exhibé sur les réseaux sociaux!

Picolo, la curiosité en bois

Entreprise: Picolo VéloFondateurs : Pierre Laplante, Loïc Dehoux et Nicolas Goupil

Lancement officiel: septembre 2016

Quand un passionné de vélo s'associe à deux ébénistes, cela peut créer un résultat... étonnant. C'est de cette union inusitée qu'est né Picolo, un vélo en bois qui vient d'être officiellement lancé à Montréal.

Tout a commencé en 2014, lorsque Pierre Laplante est venu rencontrer les ébénistes Loïc Dehoux et Nicolas Goupil à leurs locaux d'Amik ébénisterie. «Il nous a dit: "Moi, mon projet, c'est de faire un vélo en bois. Donc si vous voulez me louer un établi, je le ferais chez vous"», raconte Loïc Dehoux.

Les deux hommes ont été surpris par la demande, même s'ils étaient déjà amateurs de cyclisme. «On n'avait jamais eu l'idée de faire un vélo en bois. C'est quand même complexe comme procédé», affirme M. Dehoux. Mais au fil du temps, la surprise s'est peu à peu transformée en curiosité, puis en passion! «En le voyant travailler, on a commencé à s'intéresser de plus en plus à son projet, et à s'impliquer aussi, poursuit Loïc Dehoux. On lui posait des questions sur le bois, sur les méthodes de collage et ainsi de suite.»

L'objectif premier de Pierre Laplante était de fabriquer un vélo pour son usage personnel. Mais les ébénistes, persuadés qu'il tenait un concept unique entre ses mains, l'ont convaincu de voir plus loin, poursuit Loïc.

«J'ai dit à Pierre: "Ce vélo-là, il est beaucoup trop beau, il a l'air beaucoup trop intéressant. Il faut qu'on le développe et même qu'on le commercialise éventuellement si ça va bien."»

C'est ainsi qu'un prototype est né. Un deuxième exemplaire a suivi, qui a roulé toute la saison. «Il a quelques milliers de kilomètres au compteur et on est très satisfaits de son comportement sur la route», note Loïc Dehoux.

Un troisième prototype est en cours de préparation. Et depuis la semaine dernière, on peut officiellement commander un de ces vélos au cadre de bois. Dans la foulée, une campagne de sociofinancement sur Indiegogo a été lancée.

Pour le confort et le design

Mais pourquoi un vélo en bois? Pour le confort, d'abord, mais aussi pour le look. «Le grand intérêt de ce vélo, c'est son confort de roulement, grâce à l'absorption des vibrations de la route par le bois, estime Loïc Dehoux. Ça fait une énorme différence par rapport aux vélos d'acier et d'aluminium et même ceux de carbone. Mais il y a aussi un esthétisme, sur le plan du design et de la beauté de l'objet.»

Composé de frêne du Québec, le vélo Picolo ne craint ni l'eau ni les intempéries. Comme pour toute bicyclette haut de gamme, il faut toutefois y mettre le prix: le cadre seul vaut 3850 $. Quant au coût total de la monture, il variera énormément en fonction des différents éléments qui y seront greffés - roues, guidon, dérailleurs, chaîne, pédalier, pignons...

La campagne de sociofinancement, qui durera un mois, a pour but d'aider les trois associés à faire rouler leur business, littéralement. «Pour l'instant, on travaille tous à temps plein dans différentes fonctions, mais pas pour le vélo. Donc, on veut pouvoir dégager au moins un salaire annuel à temps plein pour pouvoir fabriquer les cadres qu'on aura en commande», lance Loïc Dehoux.

Le trio pourra ainsi faire rouler de multiples exemplaires de cette curiosité en bois dans les rues de Montréal.

Photo André Pichette, La Presse

Loïc Dehoux, Pierre Laplante et Nicolas Goupil avec un exemplaire du vélo en bois Picolo.