L'exercice physique diminue les effets délétères de l'alcool sur la santé, selon une nouvelle étude montréalaise. L'impact est particulièrement prononcé pour ce qui est du cancer.

«Nous ne voulons pas que le message soit qu'il est correct de boire si on fait de l'exercice», explique Karine Perreault, étudiante au doctorat en santé publique à l'Université de Montréal, qui est l'auteure principale de l'étude publiée cette semaine dan le British Journal of Sports Medicine. «Il faut plutôt mettre l'accent sur les bienfaits de l'activité physique.»

En suivant les recommandations de 150 minutes d'exercice modéré (marche rapide) par semaine, le risque de mortalité accru disparaissait pour les buveurs respectant les recommandations, moins de 12 consommations par semaine, et pour les grands buveurs, qui boivent entre 12 et 28 consommations par semaine. En fait, pour ces deux catégories, le risque de mortalité accrue devenait «non significatif» au niveau statistique. Seuls les très grands buveurs demeuraient à risque.

Pour ce qui est du cancer, le risque de mortalité lié à l'alcool est encore plus élevé: 36% pour la durée de suivi de l'étude, dix ans, contre 13% pour la mortalité en général. Et les bienfaits de l'activité physique sont encore plus importants sur la mortalité oncologique. Même les très grands buveurs, ceux qui boivent plus de 28 consommations par semaine, n'ont pas de risque de mortalité accru par rapport aux gens qui n'ont jamais bu.

Selon Mme Perreault, des mécanismes biologiques communs pourraient expliquer le phénomène. «Ceux qui boivent ont un plus grand stress oxydatif et l'activité physique diminue le stress oxydatif. C'est la même chose pour le profil inflammatoire, le niveau des hormones sexuelles stéroïdiennes et la fonction immunitaire.»

L'étude a étudié les dossiers médicaux de 36 000 Britanniques qui avaient été interrogés sur leurs habitudes de vie au début du suivi. L'étude ne tient donc pas compte des gens qui ont diminué ou augmenté leur consommation d'alcool et leur activité physique, une lacune qui devrait être palliée par une autre étude. Mais ce ne sera pas Mme Perreault: elle se penche maintenant sur l'impact des logements sociaux sur la santé des familles autochtones dans le Grand Nord.

En chiffres

+37%: augmentation du risque de mortalité sur dix ans chez les ex-buveurs, par rapport aux gens qui n'ont jamais bu.

-17%%: diminution du risque de mortalité sur dix ans chez les buveurs occasionnels, par rapport aux gens qui n'ont jamais bu.

+13%: augmentation du risque de mortalité sur dix ans chez les buveurs suivant les recommandations, par rapport aux gens qui n'ont jamais bu.

+19%: augmentation du risque de mortalité sur dix ans chez les grands buveurs, par rapport aux gens qui n'ont jamais bu.

+64%: augmentation du risque de mortalité sur dix ans chez les très grands buveurs, par rapport aux gens qui n'ont jamais bu.

Source: British Journal of Sports Medicine