La Presse donne la parole à des coureurs qui sont pères avant tout. Ils nous racontent en quelques mots comment la course à pied influence, d'une façon ou d'une autre, la relation qu'ils vivent avec leurs enfants. Ils sont des modèles, des complices. Ils tiennent mordicus à transmettre à leur marmaille l'engouement pour l'activité physique. Ils jonglent avec une conciliation travail-famille-entraînement parfois laborieuse pour le plaisir de faire quelques foulées. Sans jamais mettre la famille de côté.

LE BONHEUR DE COURIR EN FAMILLE

Mathieu Grondin, 35 ans, Boucherville

Père de trois enfants


«Ma blonde a été opérée pour un souffle au coeur en 2007 et nous avons commencé à courir sur les conseils de son cardiologue. Le manque de temps est majeur dans mon cas, je m'entraîne à 4h le matin ou à 20h30 le soir pour ne pas délaisser ma famille. Je fais des compétitions depuis l'an passé et j'ai complété une dizaine de demi-marathons. J'ai «recruté» ma blonde Isabelle ce printemps - elle a participé à quatre courses - et notre Juliette, 4 ans, qui a participé à trois épreuves de 1 km. Juliette aime courir et faire les étirements comme son père. Elle est très sérieuse, elle demande pour s'entraîner une ou deux fois dans la semaine précédant une compétition. Pendant les courses, elle ne veut pas qu'on court à ses côtés, elle veut courir seule comme une grande. Justine, 3 ans, en sera à son baptême de course ce dimanche à Lac-Brome où elle participera à son premier 1 km. C'est excitant, toute la famille s'y met. Nous serons donc quatre à franchir le fil d'arrivée. Le seul paresseux de la famille est Maxime, 8 mois, qui se fait pousser dans le baby jogger!»

SUR LES TRACES DE FISTON

Dominique Lalongé, 38 ans, Longueuil

Père de deux enfants


«J'ai découvert le jogging au début de l'été dernier grâce à mon fils Jacob, 11 ans. On a toujours fait beaucoup de sports ensemble, on s'invente des règles, on s'amuse. Il a beaucoup de plaisir à faire le 3 km à son école. Il est toujours performant et il m'a encouragé à en faire autant. Compétitif dans l'âme, je trouvais que je m'essoufflais trop vite, que le jogging n'était pas pour moi. L'an passé, il m'a convaincu d'y aller tranquillement. On a voulu faire une course ensemble l'an dernier, mais on a dû annuler parce que je me suis blessé au genou. On va s'inscrire au marathon de Montréal, à l'épreuve du 5 km ou du 10 km. La course à deux, c'est notre complicité qui se poursuit. On partage le même intérêt, on se motive quand ça ne nous tente pas trop, on regarde notre temps, on s'encourage quand ça va plus mal. C'est drôle parce que mon petit bonhomme est plus rapide que moi. Il a plus de souffle, alors il m'attend. Ce sont de beaux moments.»

TEL PÈRE, TELLE FILLE

Michel Savignac, 49 ans, Beloeil

Père de trois enfants


«Je cours depuis toujours, pour me détendre et m'aérer l'esprit. Depuis l'année dernière, ma fille Laurence, âgée de 16 ans, court avec moi. C'est la plus jeune, la plus sportive. On s'entraîne ensemble, mais comme elle est beaucoup plus rapide que moi, on planifie nos trajets de façon à nous croiser. Nous sommes inscrits à l'épreuve du 10 km du marathon de Montréal en septembre. L'an dernier, nous devions le faire ensemble, mais j'ai été opéré pour un vaisseau sanguin bloqué. Je l'attendais dans le Stade olympique: quelle sensation! Je pense que je lui ai transmis la piqûre. Nous vivons de beaux moments ensemble, la course est un moyen de nous rejoindre et de partager une passion commune, c'est très plaisant. À travers la course à pied, je crois être un modèle pour mes enfants, non pas de performance, mais de dépassement de soi. D'ici quelques années, j'aimerais courir un demi-marathon en duo avec ma fille, c'est un rêve.»



PAPA SUR SON TAPIS VOLANT

Frédéric Belleville, 31 ans, Saint-Jean-sur-Richelieu

Père d'un enfant


«Je pesais 379 livres. Je faisais de l'hypertension et de l'apnée du sommeil et, un matin, j'ai eu peur de ne pas voir grandir ma fille. Elle a eu 4 ans cette semaine. En novembre dernier, j'ai décidé de me prendre en main, de manger mieux et de courir et d'offrir un modèle positif à ma fille. Courir me permet d'être assez en forme pour pouvoir jouer avec elle, grimper des collines, l'accompagner au parc... Elle fait du vélo et bientôt, on enlèvera les petites roues. Je devrai courir vite pour suivre à ses côtés! Au parc, elle me demande souvent: «Papa, on fait la course?» Elle adore ça, sauf quand je ne la laisse pas gagner. Quand on va jouer au sous-sol et qu'elle voit le tapis roulant, elle veut toujours monter dessus. C'est contagieux! L'autre jour, je m'apprêtais à aller courir dehors. Elle m'a dit: «Ah! tu vas courir avec ton tapis volant?»

VIVE LA POUSSETTE

Daniel Nadeau, 34 ans, LaSalle

Père d'un enfant


«Ma femme et moi allons courir l'épreuve de 21,1 km du marathon de Montréal en septembre avec, dans sa poussette, notre fille Naomi, âgée de 8 mois. C'est un gros défi qu'on souhaite réaliser ensemble, en famille, jusqu'au fil d'arrivée. On croise les doigts pour qu'elle ne s'ennuie pas au bout de 15 km! Elle est habituée, on court souvent avec elle à l'heure de sa sieste. Ça nous permet de sortir, de prendre l'air, c'est une belle activité. Est-ce qu'elle aura la piqûre? Probablement. On a un bébé très actif, elle bouge toujours, ça me surprend parce que nous sommes plutôt calmes. On dit qu'une femme qui a couru pendant sa grossesse aura un enfant plus actif. Je n'en doute pas.»

AVEC LA MARMAILLE À NEW YORK

Eric Chatila, 35 ans, Saint-Augustin-de-Desmaures

Père de quatre enfants


«Je cours depuis près de deux ans, c'est ma thérapie contre le stress. Je suis propriétaire d'une entreprise, j'ai 272 employés et je voyage beaucoup. J'ai besoin de m'évader. Mon objectif est de courir le marathon de New York en moins de quatre heures en 2010 pour montrer à mes enfants de 7 ans, 5 ans, 4 ans et 3 ans que, si l'on veut, on peut atteindre ses objectifs. On peut réussir n'importe quoi, n'importe où, si on le désire vraiment et qu'on y met les efforts. Il suffit d'avoir un bon plan de match. Pourquoi New York? Parce que c'est un marathon glamour, c'est une occasion d'amener les enfants voir ce qui se passe ailleurs et de faire une escapade en famille. Ils ont très hâte. Les quatre vont assurément m'attendre au fil d'arrivée et sauter de joie quand je le franchirai! Je pense que mon engouement pour le sport est contagieux. Ils jouent au soccer, ils skient. Quand je dis à mes enfants: «Lâche pas, ne te décourage pas», ils savent que je comprends. Je passe aussi par là. Quand on réussit, c'est encore plus valorisant.»

FRANCHIR LE FIL D'ARRIVÉE AVANT PAPA

Marc-André Roy, 35 ans, Longueuil

Père de deux enfants


Je suis le fier papa de deux petits garçons: Félix, 4 ans, et Justin, 1 an. Je fais du jogging de façon plus sérieuse depuis l'an dernier. Je cours quatre ou cinq fois par semaine pour un total d'environ 50-60 kilomètres. J'ai participé à quatre demi-marathons et un marathon que j'ai terminé en 4h03. Mon but à court terme est de battre le record familial au marathon qui est de 4h02 détenu... par mon frère! L'activité physique est très importante dans notre petite famille, nous souhaitons donner l'exemple. Ma conjointe court aussi et Félix veut toujours venir avec nous. Parfois, on l'amène et il en a assez au bout de 5 ou 6 minutes. Je l'ai accompagné lors d'une course de 1 km au mont Saint-Bruno et, vers la fin du parcours, il est parti en sprint. Il a repris son souffle et la première chose qu'il a dite fièrement à sa mère, c'est: «Maman, j'ai réussi à battre papa!» Quand je cours sur le tapis à la maison, je m'étire après et je bois un jus d'orange. Il répète cette routine à plus petite échelle. Mais je soupçonne qu'il le fait avant tout pour le jus d'orange...»

Photo: André Pichette, La Presse

Frédéric Belleville et sa petite de 4 ans.