«Depuis que je joue du piano, j'ai l'impression d'être plus éveillée, de faire travailler mon cerveau autrement, confie Jennifer Clark. Je pense différemment. J'ai maintenant une activité que je peux faire en famille. Je suis entourée de musiciens et je vis une belle expérience avec ma fille qui apprend aussi.»

Les bienfaits de l'apprentissage sur la santé du cerveau sont aujourd'hui attestés par plusieurs sources. «On sait que les processus de cognition, liés à la mémoire, sont altérés par l'âge, rappelle la neuropsychologue Nicole Caza. On peut les stimuler en sortant de sa zone de confort, en faisant des activités cognitives exigeantes. On fait des efforts de concentration, on mobilise notre attention et notre écoute. C'est comme si on entraînait notre mémoire et les processus qui la sous-tendent.» Pas besoin d'apprendre le russe pour maintenir son cerveau en forme. «On n'a qu'à rester actifs, à lire et à émettre des opinions. On fait des activités qu'on aime.»Les activités physiques sont tout aussi bénéfiques. «Les gens qui font de l'exercice ont de meilleures performances sur le plan intellectuel et cognitif, indique le neuropsychologue Julien Doyon. Quand c'est fait dans un contexte riche, dans un réseau social, c'est encore mieux.»

«Quand je n'arrive pas à faire une voie, j'apprends à passer par-dessus mes frustrations et à persévérer, confie Josie-Anne Brunette. Avec les autres grimpeurs, on partage nos difficultés. Je pense que ça m'aide dans ma résolution de problème au quotidien. Comme quand je grimpe, j'aborde les épreuves de la vie une étape à la fois.»

Contrairement à l'enfant, l'adulte sait donner un sens à son apprentissage. Cet apprentissage, rarement entrepris sur un coup de tête, procure un sentiment de liberté et d'accomplissement, une confiance en soi et beaucoup de plaisir.

«L'escalade m'a fait découvrir le plaisir des escapades sous la tente. J'ai vu des paysages magnifiques, confie Josie-Anne Brunette. Je découvre maintenant le monde avec un nouveau regard. Ça me fera de belles histoires à raconter à mes enfants et à mes futurs élèves.»

Apprendre une langue, un jeu d'enfant?

C'est connu, il est plus facile d'apprendre une langue durant l'enfance qu'à l'âge adulte. «Les apprentissages sont facilités quand on est jeune, c'est ce qu'on appelle dans notre jargon l'effet d'âge d'acquisition. C'est comme si le cerveau se formatait durant l'enfance, explique la neuropsychologue Nicole Caza. C'est pourquoi on a tant de mal à se débarrasser de son accent dans une langue étrangère apprise plus tard.» Ses travaux ont néanmoins montré que la fréquence d'utilisation des mots arrive à éliminer l'effet d'âge d'acquisition. Des personnes âgées reconnaissaient plus rapidement le mot «ordinateur», appris à l'âge adulte et utilisé fréquemment, que le mot «phonographe», appris durant l'enfance, mais aujourd'hui peu utilisé. Les avis divergent toutefois. «C'est impossible d'apprendre plus rapidement à 40 ans qu'à 15 ans, mais la nouvelle n'est pas si mauvaise. Si un adulte se décide à apprendre le russe, il réussira à condition de pratiquer», affirme Mme Caza. Le vocabulaire et les connaissances de l'adulte compenseraient les failles de la mémoire épisodique.