En Finlande, pays des lacs gelés et des saunas, se baigner dans l'eau glacée est un passe-temps répandu et, aux dires des Finlandais, une activité saine, excellente pour la santé.

«Cela vide l'esprit et m'aide à laisser le boulot derrière moi», raconte Martti Salonen, 58 ans, alors qu'il s'apprête à s'immerger dans la rivière gelée de Vuoksi, près de la frontière russe.

«C'est une distraction qui rend vraiment accro», assure-t-il.

Début février, le Finlandais a participé avec près de 930 autres personnes au championnat de natation dans l'eau glacée qui se déroulait à Imatra à environ 260 kilomètres au nord-est d'Helsinki.

Les concurrents devaient parcourir 25 mètres à la nage dans la rivière dont la température avoisinait... 2 petits degrés celsius.

Selon Suomen Latu, une association promouvant les activités en plein air, 2000 Finlandais sur les 5.3 millions que compte le pays nordique, participent régulièrement à ce genre de concours et 150 000 se glissent dans l'eau glacée plusieurs fois par an.

«La première fois, ce fut horrible. J'étais totalement étourdie mais je m'y suis habituée. Désormais, je peux nager 100 mètres dans l'eau glacée», affirme Pirkko Mattilo, 60 ans, adepte de la pratique depuis une dizaine d'années. «Je continuerai de le faire tant que je serai en vie».

Nombre de nageurs hivernaux jurent que des immersions régulières dans l'eau glacée empêchent les rhumes, améliorent la circulation et même l'humeur.

«Le froid est utilisé pour traiter les douleurs et inflammations», explique Tarja Westerlund, une scientifique qui prépare un doctorat sur le froid comme traitement médical.

Elle a récemment travaillé sur une étude montrant que soumettre son corps à une basse température accroît temporairement le niveau d'hormones de stress, ce qui permet de soulager les douleurs.

Photo: AFP

La scientifique reconnaît toutefois qu'il n'est pas encore avéré que les basses températures renforcent le système immunitaire.

Mais les personnes souffrant de rhumatisme, de diverses douleurs dont les troubles respiratoires, douleurs musculaires et menstruelles, peuvent recourir à un traitement dans des chambres froides qui consiste à soumettre les patients pendant quelques minutes à des températures de -110 degrés.

Bien que le plongeon dans l'eau froide provoque un choc pour le corps, l'activité est bénigne pour les personnes qui ne présentent pas de problèmes cardiaques ou de pressions sanguines, selon Mme Westerlund.

Et tout est question d'habitude et de préparation psychologique.

«Les nageurs d'hiver racontent qu'il est plus facile de se plonger dans l'eau glacée la deuxième semaine. Ils s'y adaptent mentalement», dit-elle.

«Le plus important est de s'écouter», explique de son côté Jukka Rantala de l'association Suomen Latu.

Eila Harju, 70 ans, qui a remporté la médaille d'argent à Imatra en parcourant 25 mètres en 28.58 secondes, entend participer aux championnats du monde en Slovénie l'année prochaine.

La vieille dame assure qu'elle ne suit pas d'entraînement spécial mais qu'elle s'immerge dans l'eau glacée plusieurs fois par semaine.

«La natation hivernale me fait du bien et les interactions sociales avec les autres nageurs sont très importantes aussi», dit-elle.

Et l'activité fait des émules ailleurs. La compétition d'Imatra a d'ailleurs attiré des Anglais, des Norvégiens, des Russes et même des Néerlandais.

«Il n'y a pas de concours en Norvège mais la nage dans les fjords devient plus populaire. Nous nageons de longues distances, 4 kilomètres», explique Sarah Hails, une norvégienne d'une trentaine d'années.

«C'est une manière de repousser ses propres limites», ajoute son compatriote Soennoeve Citrotzki.