Vibrante l'été, la ville de Montréal devient léthargique l'hiver. Loin d'embrasser sa nordicité, la métropole et ses habitants préfèrent la combattre. Mais comment faire pour que Montréal soit plus invitant pour les sportifs lors de la saison froide? La Presse a récolté les souhaits des amateurs de plein air et de l'hiver.

S'approprier l'hiver

Nicolas Cournoyer, cofondateur d'Igloofest, souhaite que les Montréalais aient plus de bonnes raisons de sortir l'hiver, plutôt que de se plaindre de la météo. «ll faut donner aux gens de bonnes raisons de sortir. Mais il faut exploiter le contexte différemment. Il faut que les citoyens vivent des expériences.»

Comment?

En bonifiant l'offre. Cela prend plus de producteurs d'événements, si on veut encourager les gens à sortir. La Nuit blanche, par exemple. Pourquoi ne pas avoir une journée de la culture en hiver?

En se fédérant. Les producteurs ne doivent pas se percevoir comme des concurrents, mais plutôt travailler ensemble afin d'améliorer l'offre et d'attirer plus de gens.

En faisant du développement en pensant à l'hiver. En repensant le mobilier urbain, entre autres.

Découvrir le mont Royal

Myriam Grondin, chef des dossiers de protection du mont Royal, et Karine Théberge, chef des communications des Amis de la montagne, aimeraient que les Montréalais prennent le temps de se reconnecter avec la nature.

Comment?

En permettant aux usagers de profiter à nouveau du charme de la patinoire naturelle du lac aux Castors qui a été fermée de façon définitive par la Ville de Montréal.

Que les randonneurs, amateurs de ski de fond, raquetteurs et patineurs puissent apprendre à cohabiter dans le respect des lieux et des autres usagers.

Que les randonneurs puissent parcourir les trois sommets du mont Royal même en hiver. Soit une randonnée de 15 km. La majorité des usagers ne connaissent que 20 % du mont Royal.

Photo Ivanoh Demers, Archives La Presse

La patinoire naturelle du lac aux Castors a été fermée de façon définitive par la Ville de Montréal.

À vélo, partout

Magali Bebronne, chargée de projet chez Vélo Québec, voudrait que le transport à vélo l'hiver devienne une option aussi simple que pendant l'été, qu'importent l'aisance et les habiletés des cyclistes.

Comment? 

En changeant son rapport à l'hiver. Non pas en l'évitant ou en limitant ses déplacements, mais en l'affrontant pour en tirer le meilleur.

Par un réseau cyclable vraiment conçu pour être emprunté toute l'année. Notamment, en essayant de nouvelles techniques pour toutes les bandes cyclables qui ne sont pas bien déblayées.

En donnant aux cyclistes une garantie que les pistes seront déneigées dans un délai fixe.

Avec des moyens de transport intermodaux (exemple : supports à vélos sur les autobus de la STM).

En s'assurant que cela devienne une réalité pour tous les quartiers, y compris ceux qui ne sont pas centraux.

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Magali Bebronne, chargée de projet chez Vélo Québec, aimerait que le réseau cyclable montréalais soit vraiment conçu pour être emprunté toute l'année.

Ouvrir le pont

Mike Muchnik, porte-parole de l'Association des piétons et cyclistes du pont Jacques-Cartier, souhaite que la piste cyclable du pont Jacques-Cartier soit ouverte à l'année. «Il faut donner le même bénéfice du doute aux cyclistes qu'aux automobilistes et les laisser juger s'ils peuvent rouler ou pas, selon les conditions.»

Comment?

En faisant en sorte que la Société des ponts Jacques-Cartier et Champlain adopte une position conséquente avec les réalités actuelles alors qu'on veut augmenter le transport actif et diminuer les émissions de carbone. Et en laissant le soin aux usagers de choisir si, oui ou non, ils peuvent utiliser la piste cyclable du pont Jacques-Cartier.

Photo Martin Chamberland, Archives La Presse

Mike Muchnik, porte-parole de l'Association des piétons et cyclistes du pont Jacques-Cartier, souhaite que la piste cyclable du pont Jacques-Cartier soit ouverte à l'année.

Profiter davantage du canal de Lachine

Clélia Sève, porte-parole de l'Association pour la mobilité active du Canal-de-Lachine, aimerait que les Montréalais, plus particulièrement les habitants du Sud-Ouest, puissent profiter de l'un de leurs rares espaces verts.

Comment?

En déneigeant la piste. Le déneigement serait un bel incitatif à mieux profiter de l'hiver et ainsi avoir un accès quatre saisons pour le vélo, le ski de fond et la marche. Non seulement pour les loisirs, mais aussi pour le déplacement actif.

En utilisant la neige plutôt qu'en la jetant. Pour créer des glissades dans certains escaliers, par exemple.

Photo Martin Chamberland, Archives La Presse

Le déneigement de la piste du canal de Lachine, serait un bel incitatif non seulement pour les loisirs, mais aussi pour le déplacement actif.

Vivre les expériences

Olivier Legault, urbaniste à Vivre en Ville, voudrait que les Montréalais se laissent la chance d'expérimenter l'hiver. De faire des tests, de prendre l'espace et de voir comment il est possible de réinventer la façon de jouer dehors. «Il faut créer des paysages hivernaux ludiques qu'on met en lumière. D'avoir des espaces de jeux. Pour sortir l'hiver, on doit avoir une récompense.»

Comment?

En mettant en valeur les espaces montréalais. En encourageant, par exemple, autant les ruelles blanches que les ruelles vertes. Que les ruelles soient prévues pour être utilisées durant les quatre saisons.

En changeant les modules de jeux pour enfants dans les parcs pour des modules qui s'adaptent aux quatre saisons. Ou encore, en installant des glissades à même les bibliothèques.

En aménageant certains de nos bâtiments pour en faire des places publiques et pour mettre en valeur les microclimats qui existent déjà dans la ville. Par exemple, penser à adosser des bancs à des murs de pierres qui gardent la chaleur, où l'on pourrait s'asseoir et se réchauffer.

En impliquant toute la société. Que les commerçants fassent des terrasses d'hiver, que les designers contribuent en imaginant un bâti intéressant, coloré, et qu'ils jouent avec les effets visuels associés à l'hiver afin de transformer le tout en oeuvre d'art.

En trouvant des endroits où l'on peut garder la neige plutôt que de s'en débarrasser, et en trouvant une façon d'utiliser les parcs de taille moyenne (qui n'ont pas de patinoire) pour y vivre l'hiver.

Photo Martin Chamberland, Archives La Presse

Selon Olivier Legault, urbaniste à Vivre en Ville, «il faut créer des paysages hivernaux ludiques qu'on met en lumière».

Des hivers aussi hot que les étés

Estéban Dravet, cofondateur de Pente à neige, organisme à but non lucratif montréalais qui veut améliorer l'hiver des familles en ville en offrant un lieu d'initiation au ski pour les enfants, souhaite aux Montréalais des hivers aussi éclatés que les étés. «Montréal n'est pas encore une métropole hivernale. Il faut que les Montréalais soient aussi fiers de leurs hivers qu'ils le sont de leurs festivals d'été.»

Comment?

En démocratisant le ski par la chance d'apprendre simplement et dans une dynamique facile et accessible pour les enfants.

En se dotant d'espaces récréatifs comme celui de Pente à neige (école de ski, glissade sur tubes, boules de neige, terrasse hivernale tempérée avec espace de projection, etc.).

Rejoindre tous les Montréalais en créant des terrains de jeu.

En apprenant à faire la fête et à briser l'isolement en se rencontrant davantage dans des espaces où l'on peut réapprivoiser l'hiver.

Photo Olivier PontBriand, Archives La Presse

Estéban Dravet, cofondateur de Pente à neige, suggère de créer des espaces récréatifs où les enfants peuvent glisser et skier.

Du ski de fond au centre-ville

Pierre Marcoux, citoyen et auteur d'un mémoire sur la pratique du ski de fond à Montréal, aimerait que la métropole dispose de plus d'infrastructures pour la pratique du ski de fond en ville. «La Ville et les gestionnaires de parcs doivent mettre en place des mesures pour que les citoyens puissent s'approprier l'hiver.»

Comment? 

En donnant un accès aux pistes de ski de fond du mont Royal à partir de la rue Sherbrooke.

En repensant et planifiant la disposition du mobilier urbain afin qu'il ne devienne pas un obstacle à la pratique des sports d'hiver.

Photo Hugo-Sébastien Aubert, Archives La Presse

Pierre Marcoux, citoyen et auteur d'un mémoire sur la pratique du ski de fond à Montréal, souhaite que la métropole dispose de plus d'infrastructures pour la pratique du ski de fond en ville.