Le stress et l'anxiété pourraient avoir un effet sur les rêves faits la nuit, si l'on se fie aux résultats préliminaires d'une étude en psychologie.

Eugénie Samson-Daoust, une étudiante à la maîtrise en psychologie à l'Université de Montréal, s'est intéressée à l'influence du stress et de la personnalité sur le contenu négatif des rêves, en compagnie de deux autres chercheurs. Elle présentait mercredi les premiers résultats d'une recherche à ce sujet au congrès annuel de l'Association francophone pour le savoir (ACFAS).

L'équipe de chercheurs a recruté jusqu'ici 91 participants - elle en vise 175 au total - qu'elle a interrogés dès le début de l'étude sur leur niveau de stress et d'anxiété en général. Ces gens, trouvés par le biais de petites annonces et des médias sociaux, viennent en grande partie de Montréal, mais certains autres résident ailleurs, notamment en Europe, aux États-Unis et au Mexique. La majorité des répondants sont des femmes.

«C'est l'un des éternels problèmes avec la recherche sur les rêves, souligne la chercheuse. En général, ça intéresse plus les femmes.»

Ces volontaires ont accepté de répondre chaque jour, pendant trois semaines, à deux questionnaires. L'un, rempli le matin, visait à savoir d'abord s'ils avaient rêvé pendant la nuit, puis ensuite si les rêves étaient positifs ou négatifs et s'ils étaient clairs.

Puis, le soir, un autre questionnaire devait être rempli pour indiquer le niveau de stress vécu durant la journée.

Le stress reflété dans le rêve

Les chercheurs ont noté un lien significatif entre le stress vécu au quotidien et la tonalité générale de leurs rêves, c'est-à-dire que plus ils vivent de stress, plus leurs rêves sont négatifs.

Une corrélation a également été observée entre le score des participants au test d'anxiété fait au début de l'étude et les autres variables mesurées. Ainsi, plus la personne avait un trait anxieux, moins elle avait de chances de se rappeler de ses rêves et plus elle avait de risques d'avoir des rêves à tonalité négative.

«Juste le fait de vivre un stress élevé, c'était corrélé au fait de faire un rêve à tonalité négative», résume la chercheuse.

L'étudiante à la maîtrise espère pouvoir éventuellement en arriver à prédire l'occurrence des rêves à tonalité négative en évaluant le niveau de stress et d'anxiété du rêveur.

Elle précise toutefois qu'il ne faut pas considérer le mauvais rêve ou le cauchemar comme un signal d'alarme envoyé par le cerveau au rêveur, puisqu'un rêve négatif ne signifie pas automatiquement que la personne vit trop de stress.

«Le fait de faire des mauvais rêves et des cauchemars, ça peut arriver à tout le monde», rappelle-t-elle.

Sitôt rêvé, sitôt oublié?

Mme Samson-Daoust admet que l'étude a rejoint à la base des gens déjà intéressés par les rêves, de sorte qu'ils ont tendance à se souvenir davantage de leurs songes que la population en général.

«C'est l'une des limites de l'étude, et de pas mal toutes les études sur les rêves, c'est que les gens qui participent, ce sont les gens qui sont déjà intéressés par les rêves, donc qui s'en rappellent relativement bien», explique-t-elle.

«Il y a des études sur le rappel de rêves (qui concluent que) le fait de faire une étude sur les rêves, ça aide à se rappeler de ses rêves!»

Pour les non-participants qui souhaiteraient eux-mêmes améliorer le taux de rappel de leurs rêves, elle suggère d'abord simplement d'y porter davantage d'attention, et de les noter ou de les dessiner. Elle souligne également qu'on peut continuer d'essayer de s'en souvenir tout au long de la journée, parce que les rêves peuvent nous revenir plusieurs heures après le réveil.

«C'est aussi possible de rester dans son lit, les yeux fermés, et d'essayer de se concentrer pour voir s'il n'y a pas quelque chose qui nous revient à l'esprit.»