Plus la cloche sonne de bonne heure à l'école secondaire, moins les élèves dorment longtemps, selon une nouvelle étude montréalaise. La différence est particulièrement importante en troisième secondaire.

« Il est bien établi qu'à l'adolescence, l'horloge biologique se déplace de presque deux heures », explique l'auteure principale de l'étude publiée dans le Journal of Sleep Research, Geneviève Gariépy, de l'Université McGill. « On voit que ça rend plus difficile de se coucher plus tôt quand on doit se lever tôt. »

Les élèves qui commencent à 8 h ont en moyenne des nuits de 8 h 26 min, alors que ceux qui commencent à 9 h dorment 8 h 46 min. L'étude a été faite auprès de 30 000 élèves de la sixième année à la quatrième secondaire dans des écoles publiques des 10 provinces canadiennes. Les plus jeunes allaient se coucher en moyenne à 21 h 30, et les plus vieux, à presque 23 h. En moyenne, 31 % des élèves dormaient moins que le minimum recommandé (neuf heures en sixième année, huit heures en quatrième secondaire), et 60 % rapportaient qu'ils se sentaient fatigués lors des cours du matin.

En quatrième secondaire, si l'école commence 10 minutes plus tard, les élèves dorment cinq minutes de plus. L'effet est deux fois plus grand à l'automne que durant le reste de l'année. 

« À l'automne, il fait noir de plus en plus tard, et ça déplace encore plus l'horloge biologique des adolescents », dit la chercheuse Geneviève Gariépy.

« Quand j'appelais les écoles dans le nord du Canada, souvent ils me disaient qu'ils commençaient plus tard parce qu'il fait tellement noir que c'est dangereux pour les enfants de marcher jusqu'à l'école », indique Mme Gariépy, qui fait un postdoctorat en politiques de santé.

OBÉSITÉ ET PROBLÈME PSYCHOLOGIQUE

Les chercheurs montréalais ont aussi étudié l'impact sur la santé de l'heure à laquelle commence l'école. Leurs résultats, qui ne sont pas encore publiés, montrent que plus l'école commence tôt, plus le risque d'obésité et de problèmes psychologiques est élevé. « On veut aussi étudier comment l'horloge biologique change durant l'adolescence, dit Mme Gariépy. C'est une moyenne de deux heures de décalage, mais il peut y avoir des différences entre les enfants. »

Les chercheurs n'ont pas observé de différences entre filles et garçons. Mais il y en avait une entre la ville et la campagne : les élèves des régions rurales qui commençaient plus tard ne dormaient pas beaucoup plus. « On pense que c'est à cause des habitudes de vie à la campagne, les fermiers qui se couchent et se lèvent tôt, mais ça reste à vérifier », dit Mme Gariépy.

Paradoxalement, les élèves qui habitaient loin de leur école étaient moins susceptibles de profiter d'une cloche tardive pour dormir plus longtemps. Ce résultat est contradictoire parce que les élèves qui habitent loin de leur école dorment beaucoup moins - une heure de sommeil si on compare ceux dont le trajet dépasse une heure et ceux qui mettent moins de cinq minutes à se rendre à l'école.

L'épidémiologiste montréalaise a eu l'idée de faire cette étude quand le questionnaire envoyé à 30 000 enfants - tous les quatre ans - a inclus une question sur le sommeil en 2014. « Je me suis souvenue d'une étude qui montrait que les adultes qui commençaient tôt leur travail manquaient de sommeil. »