Quelques mots suffisent pour susciter l'espoir: «calme la toux», «soulage les douleurs articulaires», «prévient la gingivite»... Autant d'allégations imprimées sur des étiquettes de produits de santé qui ne reposent sur aucune preuve scientifique et que Santé Canada approuve malgré tout. Aujourd'hui, le Ministère veut corriger le tir après avoir mené un sondage auprès des Canadiens dans le cadre d'une vaste consultation publique.

Le public mal informé

Plus de huit Canadiens sur dix (81 %) disent ne pas être «bien informés» quant à l'efficacité et l'innocuité (la non-toxicité) des produits de santé naturels, que ce soit des médicaments à base d'herbes et de plantes, des probiotiques, des suppléments de vitamines ou des produits homéopathiques. Au rayon des perceptions, plus de la moitié des Canadiens croient que Santé Canada examine et approuve toutes les étiquettes de produits, en plus de tester les produits en laboratoire au préalable, ce qui n'est évidemment pas le cas. Le Ministère a cependant l'intention de mieux encadrer leur vente, notamment en exigeant des preuves scientifiques pour étayer les allégations que l'on retrouve sur les étiquettes de certains produits.

Scepticisme généralisé

Concernant ce qui est inscrit sur les étiquettes des produits de santé naturels (par exemple: «soulage le mal de gorge» ou «améliore la santé cardiovasculaire»), seulement 18 % des répondants disent avoir confiance dans ces allégations. Un taux qui passe à 35 % pour les médicaments sans ordonnance. Évidemment, comme l'humain est pétri de contradictions, 66 % des Canadiens interrogés estiment que ces allégations sont appuyées par des données scientifiques. Peu importe, les deux tiers des répondants ont l'impression d'être mieux informés lorsqu'ils achètent des médicaments sans ordonnance. La majorité des Canadiens sondés (70 %) estiment que ces médicaments (Tylenol, Reactine ou Pepto-Bismol, par exemple) sont sûrs.

Des informations importantes, mais...

Les directives, ingrédients, avertissements et dosages concernant les produits de santé grand public sont les éléments d'information les plus importants pour plus des deux tiers des Canadiens. Mais encore une fois, les 2500 Canadiens sondés ne sont pas exempts de contradictions puisque plus du tiers d'entre eux avoue ne «jamais» lire ces éléments sur les étiquettes desdits produits. Pour les cosmétiques, c'est le nom de la marque qui prime, selon les résultats du sondage. «Il est plus important d'avoir le nom de la marque sur les médicaments sans ordonnance et les produits cosmétiques que sur les produits de santé naturels, alors qu'il est plus important d'avoir l'origine du produit sur les produits de santé naturels», selon les documents de Santé Canada.

100 000 produits approuvés

À ce jour, Santé Canada a approuvé la vente de plus de 100 000 produits naturels. Mais le processus d'approbation est très variable. Le Ministère reconnaît que sa grille «manque d'uniformité». «À l'heure actuelle, Santé Canada ne dispose pas d'une autorité réglementaire suffisante pour retirer un produit de santé naturel ou un cosmétique du marché ou exiger une modification de l'étiquetage», admet-il. Le Ministère souhaite «mettre en place une approche uniforme pour les produits d'autosoins, de manière à ce que les consommateurs soient protégés tout en ayant accès à une large gamme de produits, et afin qu'ils disposent de renseignements adéquats pour prendre des décisions éclairées concernant ces produits».

Trois catégories de risque

Santé Canada propose de revoir le classement des produits de santé en vente libre selon leur risque. Trois catégories pourraient être créées. D'abord, les produits à moindre risque, qui ne nécessitent pas d'examen de la part de Santé Canada (rince-bouche, dentifrice, vitamines, produits homéopathiques, etc.). Ensuite, les produits à risque modéré, qui pourraient afficher des allégations de santé (pour autant qu'elles soient appuyées par des preuves scientifiques). On parle ici des analgésiques, produits contre la toux, laxatifs, antihistaminiques, etc. Enfin, les produits à risque élevé, pour lesquels les entreprises devront obligatoirement fournir des preuves scientifiques de leur qualité et de leur innocuité. On parle entre autres de produits destinés à la santé cardiovasculaire.

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Sources: Étude sur les produits de santé grand public et Consultation des Canadiens sur la réglementation des produits d'autosoins au Canada de Santé Canada.