L'analyse de cheveux est un moyen «simple» et «fiable» pour vérifier si une personne consomme trop d'alcool ou, au contraire, a arrêté de boire, selon l'Académie nationale de pharmacie de France qui recommande d'y recourir avant de restituer un permis de conduire suspendu ou annulé.

Selon cette instance conseillère des pouvoirs publics, les cheveux «constituent un véritable calendrier rétrospectif de la consommation d'alcool». Sachant qu'ils poussent d'un centimètre (cm) par mois, leur analyse permet de retracer l'histoire de la consommation dans le temps.

En cas de suspension de permis de trois mois, il suffit de prélever trois centimètres de cheveux pour prouver l'abstinence ou à l'inverse la consommation d'alcool durant ces trois mois, explique-t-elle jeudi dans un communiqué.

Le test permet de détecter un marqueur direct, hautement spécifique et très sensible, de la consommation d'alcool, l'éthylglucuronide (EtG) qui reste stocké dans les cheveux, même si l'alcool récemment consommé a été complètement éliminé de l'organisme. La présence de cette substance, l'EtG, au-delà de 30 picogrammes par milligramme, témoigne d'une consommation excessive d'alcool supérieure à 60 grammes par jour, soit 6 verres standards.

Concrètement, il s'agit de prélever une mèche de 80 cheveux environ, de préférence à l'arrière du crâne, en coupant le plus près possible du cuir chevelu (d'autres types de poils peuvent être prélevés, si nécessaire, à l'exception des poils pubiens), puis de l'envoyer au laboratoire de toxicologie par courrier postal.

Le test capillaire présente, entre autres, l'avantage d'être très spécifique de l'alcool, de présenter un risque de résultats faussement positifs théoriquement nul, et de ne pas être influencé par la prise de médicaments.

L'analyse des cheveux est le moyen le plus pertinent pour tester le sevrage ou les habitudes réelles de consommation sur le long terme, écrit-elle. Elle «permet aux médecins contrôleurs de suivre l'évolution d'une dépendance à l'alcool pour prévenir une récidive et orienter éventuellement la personne vers une thérapie appropriée.»

L'Académie recommande  donc la pratique «systématique» de ces  analyses lors des contrôles médicaux «avant toute restitution du permis de conduire aux personnes sanctionnées pour conduite en état d'ivresse.» Ces contrôles permettraient d'éviter les récidives meurtrières du fait de conducteurs qui ont encore une «consommation abusive chronique», ajoute-t-elle.