Avez-vous déjà remarqué à quel point certaines personnes rayonnent? Belles, joyeuses, souriantes, le teint frais et légèrement rosé, elles respirent la santé. Le bien-être. Parfois, elles ont carrément l'air de flotter. Vous voulez leur secret? Elles ont le glow, comme on dit. Or, dans le langage courant, cet éclat est typiquement associé à trois activités bien distinctes: le sexe, le sport et la grossesse. Analyse et comparaison.

Le sexe

Le contentement à l'état pur: sourire béat, joues roses, limite écarlates, cheveux en bataille. Sans parler des étoiles dans les yeux, et du sentiment d'étrange légèreté (vous planez?) qui nous envahit à tous coups. Vous vous reconnaissez?

Communément appelé le after sex glow, cet unique (pas tant que ça, vous verrez) teint frais et sentiment de bien-être vient en fait d'une réaction physiologique bien connue.

D'abord, l'acte sexuel est, faut-il le rappeler, une activité physique. Il permet d'augmenter le rythme cardiaque, la circulation sanguine, et provoque du coup une dilatation des vaisseaux sanguins, tout particulièrement au niveau du visage.

«Différentes variations des taux d'oestrogène et de testostérone sont à l'origine d'une dilatation des vaisseaux sanguins du visage et du cou, et ce, tout particulièrement après l'orgasme», explique l'experte en santé sexuelle Jennifer Berman, bien connue des amateurs de l'émission américaine The Doctors.

À noter, contrairement à ce que l'on pourrait croire, la qualité de l'acte n'a ici rien à voir avec la qualité du rayonnement. Même si vous n'avez pas pris votre pied, «le glow, c'est le glow, résume la spécialiste. Je ne pense pas qu'on puisse qualifier un glow. Même si vous n'avez pas eu l'orgasme de votre vie, vous allez rayonner. Parce que la réponse physiologique demeure toujours la même.»

Va pour les belles couleurs. Et comment expliquer les étoiles dans les yeux, alors? Ce sentiment de planer? C'est que l'effort impliqué dans l'acte sexuel permet en prime d'activer le cerveau, explique à son tour le professeur de psychiatrie et de neurosciences Claude Rouillard, de l'Université Laval. Tout comme la course, la nage, et toutes les activités plus ou moins cardios activent certains systèmes de neurotransmetteurs, faire l'amour libère du même coup de la dopamine (qui donne ce sentiment de plaisir) de même que de la sérotonine (à l'origine de la bonne humeur).

Mieux: l'orgasme permettrait en prime de sécréter des endorphines, «dont le rôle naturel est de bloquer toute sensation désagréable».

La sexologue Beverly Whipple, professeure émérite de l'Université Rutgers au New Jersey et auteure renommée (à qui l'on doit notamment la popularisation du point G) a d'ailleurs déjà démontré qu'après l'orgasme, les femmes voient leur tolérance à la douleur bondir de manière significative, entre 75% et 107%.

D'où, du coup, ce délicieux sentiment de flotter...

Le sport

Classique: vous revenez de votre entraînement physique quotidien et votre voisine de bureau vous regarde, l'air complice, comme si vous arriviez d'un rendez-vous coquin.

Il faut dire que les apparences sont trompeuses: vos joues rouges, votre air reposé, et surtout satisfait, vous donnent un peu l'air de revenir d'une partie de jambes en l'air.

Et physiologiquement, aussi fou que cela puisse paraître, il s'est aussi passé relativement la même chose (pour vous donner ainsi ce teint rose, on s'entend). À quelques nuances hormonales près. Ainsi, si, dans l'acte sexuel, ce sont l'oestrogène et la testostérone qui expliquent d'abord ce teint frais, ici, ce sont essentiellement les endorphines qui sont responsables de la dilatation des vaisseaux sanguins du visage.

Sécrétées par l'hypothalamus, tout particulièrement lors d'activités intenses, les endorphines sont en outre responsables de ce sentiment bien connu de l'euphorie du coureur, une euphorie qui ressemble en plusieurs points au bien-être postcoïtal. «Oui, cela se ressemble, confirme l'experte en santé sexuelle Jennifer Berman, jointe à ses bureaux de Los Angeles. Sauf que la course ne donne pas ce sentiment de connexion que procure la relation sexuelle», nuance-t-elle. Certes...

À noter, si l'on a tendance à surtout parler de l'euphorie du coureur, n'allez pas croire que ce bien-être soit exclusif à la course. En fait, tout est question d'intensité. «Les endorphines sont associées au dépassement de soi, hors de notre zone de confort. Elles provoquent un sentiment d'euphorie, que l'on peut atteindre avec différents sports. Mais disons que l'euphorie du kayakiste est un phénomène moins connu...», précise en riant Jennifer Berman.

Outre les endorphines, le sentiment de bien-être provoqué par l'activité sportive est aussi provoqué au niveau du cerveau par différents neurotransmetteurs, ceux-là mêmes qui sont impliqués dans l'acte sexuel. On pense à nouveau à la dopamine (à qui l'on doit ce doux sentiment de plaisir) et à la sérotonine (qui joue sur notre bonne humeur). «Et plus l'activité physique est intense, plus on libère de sérotonine», signale le professeur de psychiatrie et de neurosciences Claude Rouillard, de l'Université Laval. Bref, plus vous risquez de rayonner. Et du coup de bluffer vos collègues...

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La grossesse

Votre voisine est enceinte. Et franchement, elle rayonne? Teint de pêche, toujours frais, elle se promène avec un sourire souvent rayonnant et projette un sentiment de bien-être drôlement charmant?

Vrai, toutes les femmes enceintes ne profitent pas ainsi de leur grossesse. Selon les mois et les saisons, les femmes et leurs différentes maternités, les effets sont changeants. N'empêche. Ce glow de la femme enceinte, plusieurs l'ont connu. À différents degrés. À différents moments. Et s'il est quelque peu différent du rayonnement sportif ou sexuel, encore une fois, ce sont différents bouleversements hormonaux qui sont ici en cause.

Parce que non, ça n'est pas seulement parce que la femme enceinte se repose, mange santé et boit beaucoup d'eau qu'elle a du coup une belle peau. Ça ne nuit pas. Mais ça ne donne pas de joues roses pour autant, précise Jennifer Berman, spécialiste de santé sexuelle et santé des femmes. «Non, ici, ce sont différentes hormones, notamment l'oestrogène, sécrété par les ovaires, qui expliquent la dilatation des vaisseaux sanguins sur le visage», dit-elle.

Soit dit en passant, ce sont ces mêmes hormones qui sont aussi impliquées, à différents degrés, dans l'acte sexuel.

«Mais ce glow est très individuel, ajoute l'experte. Toutes les femmes enceintes ne sont pas rayonnantes. Certaines ont des complications, doivent prendre des suppléments, toutes ne sont pas parfaitement heureuses.» Ni rayonnantes, par conséquent.

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