Avec le suicide de Robin Williams, le cinéma se retrouve une nouvelle fois confronté à la face sombre de ses étoiles, mais pour les experts, Hollywood est pourtant actif dans la prévention et l'accompagnement des maladies mentales.

Lena Dunham, l'une des jeunes vedettes comiques des États-Unis grâce au succès de la série qu'elle a créée, Girls, le signalait sur le réseau social Twitter au lendemain de la mort du légendaire acteur américain, l'un des plus accomplis et reconnus de sa génération.

«C'est un rappel tragique que la conversation sur la santé mentale NE PEUT PAS s'arrêter. L'argent, la célébrité, la liberté artistique: rien de tout cela vous protège», a-t-elle écrit.

«Et RIEN n'est plus important que la santé. Prenez soin de vous. Prenez soin les uns des autres», concluait la jeune vedette.

La liste des étoiles d'Hollywood qui ont mis fin à leurs jours ou sont mortes de leurs dépendances est longue: Philip Seymour Hoffman il y a quelques mois à peine, Heath Ledger, Brittany Murphy, River Phoenix, Anna Nicole Smith, Judy Garland et bien sûr Marilyn Monroe, pour n'en citer que quelques-unes. Sans compter les vedettes vivantes dont les problèmes avec l'alcool ou la drogue ne cessent de défrayer la chronique, comme dans le cas de Lindsay Lohan.

Hollywood en fait-il assez pour protéger ses vedettes de leurs démons? Pour Tom Nunan, fondateur de la société de production Bull's Eye Entertainment et enseignant à l'université UCLA School of Theater, Film and Television, «on ne peut pas attribuer au cinéma les tragédies dans la vie des gens».

Judi Bloom, psychothérapeute, juge aussi qu'«Hollywood fait beaucoup de choses» pour aider les artistes à traiter leurs maladies mentales.

Le contrat du principal syndicat d'acteurs (Screen Actors Guild) fournit de bonnes assurances maladie qui couvrent le traitement des dépendances, fait-elle valoir.

Le Motion Picture and Television Fund, une organisation caritative, offre des assurances maladie aux membres du secteur qui n'ont pas les moyens de s'en payer une et prend en charge les psychothérapies, tout comme un fonds équivalent dans l'industrie musicale (MusciCares MAP Fund), entre autres programmes.

Une industrie tolérante

Judi Bloom fait aussi remarquer que le secteur continue à faire travailler les artistes qui se sont soignés sans les ostraciser pour leur alcoolisme, leurs dépendances, dépression, etc.

La psychologue Tricia Doud estime aussi que la ville de Los Angeles est «bien plus tolérante que la plupart des autres villes américaines. Vous n'êtes pas stigmatisé ici quand vous dites que vous avez un psychothérapeute».

«C'est une industrie incroyablement accueillante, qui fait passer aux gens le message que ce dont ils souffrent est une maladie, que ce n'est pas une faiblesse de caractère», renchérit Tom Nunan.

Selon lui, le vrai problème est plutôt que «les États-Unis et le monde occidental doivent être plus vigilants» et «mettre plus d'énergie pour faire comprendre qu'on peut s'en sortir, qu'il y a des méthodes».

Judi Bloom insiste aussi sur le fait que les problèmes de dépression ou de dépendance des vedettes d'Hollywood «attirent beaucoup d'attention et c'est une bonne chose», mais pour elle ces fléaux sont «bien plus larges» et touchent toute la société.

D'après elle, les artistes ont généralement «un narcissisme plus important que la moyenne» et que «la création mène à rechercher constamment une validation extérieure» qui peut donner lieu à un sentiment «de vide, de ne rien valoir». «Cela ne veut pas dire que tous les artistes sont des drogués», nuance-t-elle.

L'un des aspects choquants du suicide de Robin Williams, outre son succès, c'est aussi qu'il luttait depuis des années contre ses dépendances et sa dépression et s'était fait aider. «Il avait été traité dans le centre Hazelden, l'un des meilleurs», souligne Judi Bloom.

«La médecine n'est pas une science exacte. Parfois vous avez quelqu'un qui a une maladie cardiaque. Vous lui donnez des médicaments contre le cholestérol, la tension, vous lui faites faire attention à son alimentation, et pourtant il va quand même faire une crise cardiaque. C'est pareil pour la dépression», conclut-elle.