Quand la lumière naturelle manque (bureaux sombres ou sans fenêtres, stations polaires...) un éclairage particulier remet à l'heure l'horloge biologique, au bénéfice de la santé, la sécurité et de la productivité, selon des chercheurs français qui l'ont testé.

L'étude dirigée par Claude Gronfier de l'Inserm (institut français de recherche publique), publiée jeudi dans la revue Plos One, montre qu'une lumière artificielle particulière a pu remettre à l'heure l'horloge biologique des membres de la station scientifique polaire internationale Concordia, en dépit de l'absence de lumière solaire.

La lumière blanche testée est enrichie en bleu, mais apparaît visuellement blanche.

Le dérèglement de l'horloge biologique, très sensible à la lumière, entraîne des troubles du sommeil, de la vigilance, de la mémoire, des problèmes cardiovasculaires et même la dépression.

Ces résultats pourraient avoir des applications pratiques rapides dans des environnements de travail de luminosité faible à modérée (stations scientifiques polaires, centrales thermiques et nucléaires, centres spatiaux, bureaux aveugles, etc.), selon les chercheurs.

Ces derniers proposent de recourir à ce type d'éclairage pour la santé, la productivité, et la sécurité des personnels qui travaillent dans une ambiance lumineuse de qualité insuffisante.

L'horloge biologique, située au coeur du cerveau et formée de 20 000 neurones, permet de réguler certaines fonctions vitales sur une période d'environ 24 heures («rythme circadien»). Elle contrôle le cycle éveil/sommeil, la température corporelle, le rythme cardiaque, la sécrétion d'hormones, etc.

Pour fonctionner correctement et se resynchroniser en permanence sur 24 heures, elle se sert de signaux comme l'alimentation, l'exercice, la température extérieure, mais surtout la lumière.

Pendant 9 semaines d'hiver polaire (absence de soleil dans la journée), les personnels de la station polaire ont été exposés alternativement à une lumière blanche standard ou à une lumière blanche enrichie en longueurs d'ondes bleues (perçue comme blanche), sans changer leurs habitudes, notamment leurs heures de coucher et de lever.

Résultats : une durée de sommeil augmentée, une meilleure réactivité et une plus grande motivation ont été observées pendant les semaines «bleues». Par ailleurs alors que le rythme circadien avait tendance à se décaler les semaines «blanches», aucune perturbation n'a été notée pendant les semaines «bleues».

«Les bienfaits de 'la lumière bleue', ont déjà été montrés auparavant, mais il s'agissait de lumières vraiment bleues type LED bleu, difficilement utilisables dans la vie courante, car incompatibles avec une bonne vision», dit à l'AFP M. Gronfier principal auteur de cette «première étude en conditions réelles».

Cet éclairage n'a pas besoin d'avoir l'intensité lumineuse des lampes utilisées pour traiter la dépression saisonnière, précise-t-il.