Ça y est, la quarantaine se pointe et la famille est complète. Un autre bébé ? Non, surtout pas ! À 40 ans (comme à 15 ans), la contraception au sein du couple ne devrait pas être prise à la légère. Quelle méthode de contraception vous convient le mieux ? Voici quelques options qui s'offrent aux femmes - et à leur conjoint - pour qui couches et purées sont chose du passé.

Les salles d'attente des cliniques de fertilité sont bondées de femmes de 35 ans et plus. Le désir d'enfant est là, mais le corps ne répond pas à l'appel. À partir de 38 ans, la fertilité féminine en prend pour son rhume et dégringole de façon spectaculaire.

Ainsi, plusieurs femmes de cette tranche d'âge (qui ne veulent pas d'enfants) négligent la contraception, se croyant hors de «danger». Erreur. À 40 ans, une femme a tout de même 1 chance sur 12 (8%) de concevoir chaque mois (contre 20% avant 30 ans). La grossesse est possible, et ce, parfois même à 50 ans ou plus.

De plus en plus de femmes ont un bébé une fois la quarantaine entamée, au Québec comme ailleurs. «Avoir un bébé au-delà de 40 ans est plus fréquent en 2012 que ce ne l'était dans les années 80, mais cela demeure un phénomène assez rare. Le taux de fécondité des femmes de 40 à 44 ans est passé d'environ 2 pour 1000 en 1985 à 10 pour 1000 en 2012», lit-on dans le Bilan démographique du Québec (2013) de l'Institut de la statistique du Québec.

On assiste à des scénarios semblables notamment en France, en Suède, en Angleterre, aux Pays-Bas et aux États-Unis, où les taux de fécondité chez les 40 ans et plus ont plus que doublé depuis 20 ans.

De petits miracles, dites-vous? Oui et non. Parce que bon nombre de ces grossesses n'étaient pas planifiées. Et parce que, malheureusement, le taux d'interruptions volontaires de grossesse (IVG) suit aussi une courbe à la hausse. «Depuis les années 2000, on observe une tendance à la baisse du taux d'IVG chez les femmes des groupes d'âge de 15 à 34 ans et une légère hausse chez les femmes des groupes de 35 à 44 ans», selon l'Institut de la statistique du Québec. Au Québec, le taux d'IVG est de 4/1000 chez les 40 à 44 ans et de 11,7/1000 chez les 35 à 39 ans.

Même chose en Angleterre, où le taux d'IVG est aussi élevé (4 sur 1000 grossesses) chez les 40-44 ans que chez les moins de 16 ans. Aux États-Unis, 38 % des grossesses chez les femmes âgées de 40 ans et plus ne sont pas planifiées, et 56% de celles-ci se soldent par un avortement.

Quand on sait par ailleurs que, plus on vieillit, plus la grossesse est risquée tant pour la mère que pour l'enfant, l'utilisation d'une méthode contraceptive adéquate prend tout son sens. Il y a bien sûr des grossesses-surprises qui, au-delà du choc, sont fort bien vécues et acceptées à quelques années de la ménopause. Mais veut-on vraiment jouer à la roulette russe avec la maternité?

Comment choisir?

Quelles méthodes contraceptives choisissent les femmes de 40 ans au Québec? On ne sait trop. Il existe très peu de données à jour sur le sujet. Néanmoins, on ne se trompe pas en affirmant que, chez les couples de cet âge, la vasectomie et le stérilet sont les tendances de l'heure.Il existe un vaste choix d'options qui comportent chacune leurs avantages et leurs inconvénients. «L'important, pour n'importe quelle femme, est d'utiliser la contraception qu'elle a choisie. D'après nos études, si un couple prend une méthode contraceptive qui correspond à ses besoins, il va y avoir une observance de cette méthode et une aptitude à l'utiliser beaucoup plus grande que si elle leur est imposée par un tiers», indique la Dre Edith Guilbert, médecin-conseil à l'Institut national de santé publique et porte-parole de la Société des obstétriciens gynécologues du Canada.

Directrice générale de la Fédération du Québec pour le planning des naissances, Sophie de Cordes abonde dans le même sens. «La question que l'on doit d'abord se poser est: comment souhaitons-nous prendre en charge notre contraception? Quel est l'impact sur la santé de l'un ou de l'autre des partenaires versus l'effet de contraception? Souhaite-t-on un effet temporaire ou permanent? Il faut bien réfléchir pour pouvoir déterminer quel est le bon choix.»

Cela dit, la Dre Guilbert insiste: «Aucune méthode de contraception seule n'est contre-indiquée chez les 35 ans et plus.» Pas même la pilule contraceptive. «On offre les contraceptifs oraux combinés ordinaires sans hésiter. Certaines femmes en bénéficient drôlement, car ça réduit un nombre de symptômes liés à la prise de l'âge, comme les menstruations douloureuses.» Sur la planète, environ 100 millions de femmes y ont recours. «La pilule est une méthode de contraception qui convient à la majorité des femmes en santé, peu importe leur âge, et elle peut être prise à long terme», indique-t-on sur le site d'information maSexualité.ca.

Au Centre de santé des femmes de Montréal, on souligne que les femmes sont davantage intéressées par les méthodes contraceptives à long terme. «Le stérilet est en plein essor. On voit une importante augmentation de son utilisation ici comme dans plusieurs cliniques, il s'en installe beaucoup, dit Anne-Marie Messier, directrice générale de l'organisme. C'est une méthode économique, bien acceptée. Certains stérilets sont désormais efficaces pendant 10 ans. Des femmes dans la quarantaine peuvent le garder jusqu'à la ménopause, c'est très utile.»

Le stérilet hormonal (Mirena) est très intéressant, ajoute la Dre Guilbert. «Le stérilet hormonal réduit l'abondance des menstruations jusqu'à 80%. C'est intéressant pour les femmes de 35 ans et plus, car plusieurs sont aux prises avec des règles abondantes.»

Plusieurs couples préfèrent néanmoins opter pour une contraception permanente. La vasectomie est la procédure la plus prisée. Il se pratique 15 000 vasectomies par année au Québec, soit environ trois fois plus que le nombre de ligatures des trompes.

À 50 ans, un Québécois sur trois est vasectomisé. La moyenne d'âge des hommes qui passent à l'action est 35 ans. «C'est intéressant dans un couple où la femme aura assumé la contraception et eu des enfants. C'est un partage de responsabilité qui s'impose, selon les commentaires reçus», dit la Dre Guilbert. Encore faut-il être assuré de ne plus vouloir d'enfant, car la procédure est très difficilement réversible.