L'équipe féminine des Défis du Parc national de la Mauricie poursuit sa fulgurante croissance. Après 35 cyclistes en 2012, puis 110 en septembre dernier, elles devraient être 210 l'an prochain sur la ligne de départ pour l'épreuve de 105 kilomètres.

Si l'on se fie aux propos de Marie-Josée Gervais, directrice générale des Défis du Parc, il ne s'agit encore que de la pointe de l'iceberg. À ce rythme, la responsable imaginerait très bien, dans quatre ans, un vendredi rose pour lancer l'événement à la fin septembre, avec un millier de femmes provenant des quatre coins du Canada qui pédaleraient pour l'Institut de recherche en immunologie et en cancérologie de l'Université de Montréal.

Tout ce que touchent les Défis du Parc se transforme en or. La popularité de l'équipe féminine s'inscrit dans cette tendance, quoique cette fois, non seulement fallait-il convaincre des dizaines de femmes de s'astreindre à un entraînement rigoureux, mais il fallait aussi les... déculpabiliser. «Je ne pensais jamais qu'on aurait autant de monde», reconnaît Mme Gervais. «L'an dernier, nous voulions 105 femmes pour le 105 kilomètres. J'étais un peu nerveuse; je me demandais si nous l'aurions vraiment! Mais les courriels se sont mis à entrer et on s'est dit que ça répondait à un besoin.»

«Chez les femmes, le sentiment de culpabilité de laisser la famille pour s'entraîner une demi-heure ou une heure par jour, c'est très fort», rappelle l'organisatrice. «Mais dans l'équipe féminine, nous assurons un certain soutien. On dit aux femmes que si vous arrivez à la maison en pleine forme, votre espérance de vie va augmenter parce que vous vous prenez en main. Tout change!»

Mme Gervais raconte que des participantes de Gatineau ou du Lac Saint-Jean devaient se taper quatre, cinq ou six heures de route pour s'entraîner au Parc national de la Mauricie l'an dernier.

Ainsi, celles qui se réfugient dans la confortable excuse d'une vie familiale trop mouvementée pour relever le défi se font énumérer quelques exemples qui font réfléchir. «J'ai une participante qui a quatre enfants, qui est monoparentale, qui est médecin et qui fait le taxi avec quatre ados qui font du sport», énumère Mme Gervais. «C'est juste qu'elle a décidé de changer des choses dans sa vie. Je pense qu'elle peut donner quelques conseils!»

La docteure Chantal Guimont, également responsable de cette équipe féminine, pourrait aussi être citée en exemple, avec ses trois enfants et un travail accaparant. «Les femmes se fontpeut-être moins confiance», observe-t-elle. «Elles se demandent si elles pourront quand même bien jouer leur rôle de mère ou si leurs autres activités vont en souffrir.»

«C'est toujours possible d'en faire un peu plus», ajouteMme Guimont. «Il faut seulement bien s'organiser et s'assurer que nos proches sont derrière nous. Souvent, les femmes embarquent leur conjoint et leurs enfants. Elles se sentent donc moins coupable de prendre du temps pour elles! Il suffit de présenter ça comme un projet familial, bénéfique pour tous à long terme.»

Forte demande

L'équipe féminine des Défis du parc a aussi été créée pour amasser des fonds pour l'IRIC. Après une première récolte de 30 000 $ en 2012, ces femmes ont amassé 67 000 $ l'été dernier. En 2014, Mme Gervais souhaite encore doubler l'objectif et l'établira autour de 125 000 $.

En 2013, l'équipe féminine avait sélectionné précisément118 femmes pour l'épreuve reine des Défis du Parc, car il faut prévoir quelques abandons en cours de route. Finalement, elles étaient 110 à relever le défi, cinq de plus que l'objectif fixé. «Mais nous avions reçu près de 300 demandes», sourit Mme Gervais. «Avec cette popularité, nous avons décidé de doubler le nombre d'inscriptions.»

Rappelons que chaque participante doit se plier à un programme d'entraînement, qui inclut des séances au Parc national de la Mauricie et une participation au Défi nordique, en février. Une douzaine de spécialistes encadrent cette équipe pour aider chaque femme à gagner son pari de 105 kilomètres sur roues à la fin septembre.