Le cancer de la prostate est la forme de cancer la plus répandue chez les hommes au Canada. En 2013, 23 600 hommes recevront un diagnostic de cancer de la prostate, tandis que 3900 en mourront, selon les estimations de la Société canadienne du cancer. La survie relative est de 96% après cinq ans.

Les traitements sont efficaces, mais pourraient l'être davantage, estiment des chercheurs du CHU de Québec.L'équipe de Marc-André Fortin, professeur agrégé au département de génie des mines, de la métallurgie et des matériaux de l'Université Laval, travaille actuellement à démontrer que l'or, sous forme de nanoparticules, peut décupler l'efficacité de la radiothérapie actuelle. «Des études théoriques ont été concluantes, mais nous sommes les premiers à tenter de démontrer en laboratoire la validité de ces études théoriques », indique Marc-André Fortin, aussi chercheur au Laboratoire de biomatériaux pour l'imagerie médicale du CHU de Québec. Les travaux de ces scientifiques pourraient révolutionner le traitement du cancer de la prostate. Et potentiellement celui du cancer du sein.

Actuellement, le cancer de la prostate est très souvent traité par radiothérapie externe. «Le problème de la radiothérapie externe, c'est qu'elle pénètre de l'extérieur à forte dose et peut causer des blessures aux tissus supérieurs. Des tissus sains sont ainsi touchés», explique le chercheur.

Contrairement à la radiothérapie externe, la curiethérapie offre une radioactivité plus ciblée, proche des cellules cancéreuses, puisqu'il s'agit d'un processus d'irradiation interne. Un patient sur trois atteint du cancer de la prostate est actuellement soigné par curiethérapie. Comment fonctionne-t-elle ? On insère dans la prostate de 60 à 100 implants radioactifs  (palladium 103 et iode 125) de la grosseur d'un grain de riz. «La position des grains est calculée par des physiciens médicaux pour que le profil de dose soit bon. C'est un traitement intéressant, mais la radioactivité n'est pas répartie de façon homogène», indique M. Fortin. Plus une cellule cancéreuse est éloignée de l'implant, plus elle risque d'être épargnée.

L'équipe de Québec a peut-être trouvé la solution au problème. Dans les laboratoires du CHU à Québec, on procédera à l'injection de nanoparticules d'or - en complément aux grains radioactifs - pour homogénéiser la radioactivité. Les particules choisies ont un diamètre de 50 nanomètres, soit «10 000 fois plus petit que le diamètre d'un cheveu».

«La nanoparticule d'or injectée dans la tumeur cancéreuse se faufile entre les cellules dans le liquide interstitiel. Ça donne une capacité de diffusion du produit qu'on n'aurait pas avec des particules plus grosses», explique M. Fortin. L'or agit en captant la radioactivité qu'il fait rayonner à son tour. «Nous pensons que cette façon de faire permettra d'augmenter l'efficacité de la thérapie et de contrôler la prolifération de la tumeur.»

M. Fortin et son équipe pousseront plus loin leur recherche. Ils veulent que le recours aux implants radioactifs soit chose du passé. Comment? En créant des nanoparticules d'or elles-mêmes radioactives qui s'attacheraient au cancer. Le traitement actuel, avec de nombreux implants, peut être inconfortable pour les patients. Les grains peuvent se déloger et être éliminés par voie urinaire. Et, problème majeur, ces grains nuisent au suivi médical. «En raison de la quantité d'implants, il y a tellement de métal dans la prostate que l'information se perd au suivi. Après six mois ou un an, le radiologiste n'arrive pas à détecter la présence ou non de la maladie», explique M. Fortin. Les nanoparticules seraient créées pour s'éliminer d'elles-mêmes après au moins un mois. Les chercheurs grefferaient un agent de contraste pour une visualisation optimale à l'aide de l'imagerie par résonance magnétique (IRM), de plus en plus utilisée comme procédé diagnostique et pour le suivi.

La Société canadienne du cancer, qui vient d'allouer une subvention à l'équipe de Marc-André Fortin, salue cette initiative. «Là où cette équipe innove clairement, c'est en proposant de piéger les nanoparticules d'or dans la tumeur en les injectant après les avoir mélangées à une substance polymère, qui se solidifie quand on l'expose aux rayons ultraviolets», explique Melody Enguix, porte-parole en matière de recherche à la Société canadienne du cancer, division du Québec.

Si les résultats sont au rendez-vous, l'humain pourrait profiter du traitement avec nanoparticules d'or dans trois à cinq ans.