Dans son livre Motherhood, Rescheduled, paru ce mois-ci, la journaliste américaine Sarah Elizabeth Richards raconte le parcours de quatre femmes qui ont fait congeler leurs ovules pour remettre leur grossesse à plus tard. Parmi elles, une seule a donné naissance : Hannah, résidante de la côte ouest américaine.

À l'été 2009, Hannah, alors âgée de 45 ans, a donné naissance à une petite fille en pleine santé près de sept ans après avoir fait congeler ses ovules. Sur la couverture du livre, la petite brunette sourit, laissant apparaître des gencives roses encore épargnées par la première poussée dentaire.

« J'ai de la difficulté à trouver les mots pour exprimer à quel point mon expérience a été formidable », dit Hannah, jointe au téléphone.

Hannah, citée sous un nom fictif dans le livre, a fait congeler ses ovules en 2002. Elle allait avoir 39 ans et venait de rompre avec son conjoint, un homme avec qui elle espérait un jour avoir des enfants.

À l'époque, Hannah n'a trouvé que deux cliniques aux États-Unis qui acceptaient de congeler ses ovules. Elle a opté pour une clinique en Floride, à quelque 5000 km de chez elle.

Malgré les coûts et le déplacement, elle ne l'a pas regretté : « Ça m'a permis de changer ma façon de chercher un mari : au lieu de me sentir anxieuse, comme c'était le cas auparavant, j'ai pu relaxer un peu », explique Hannah, qui travaille dans le domaine de la mode.

À 40 ans, Hannah a rencontré la personne qu'elle « devait rencontrer » : un homme d'un an son aîné déjà père de deux enfants. Lorsque leur relation est devenue sérieuse, elle lui a parlé de son désir de devenir mère... et de ses ovules congelés.

Son amoureux a bien réagi. « Il m'a dit que devenir parent est formidable et qu'il ne m'empêcherait jamais de vivre cette occasion », raconte-t-elle. En 2007, ils se sont mariés. Et l'année suivante, ils ont pris rendez-vous dans la clinique de fertilité.

Hannah est tombée enceinte au premier essai. Neuf mois plus tard, au terme d'une grossesse facile, sa fille venait au monde.

Aujourd'hui âgée de 3 ans, la fillette aime chanter et danser. Ces jours-ci, elle apprend à former les lettres. « Je suis comblée et ravie d'être mère », raconte Hannah. Si son mari était d'accord, elle n'hésiterait pas à se lancer dans l'aventure une autre fois.

La persévérance de Mamta

En 2011, Mamta Shah a raconté son histoire à une équipe du magazine français L'Express venue à Montréal faire un reportage sur la congélation d'ovules. Elle s'apprêtait alors à tenter la fécondation in vitro dans une clinique montréalaise.

Mme Shah, qui habite New York, a fait congeler ses ovules à l'âge de 36 ans. Employée d'une grande société d'informatique, elle savait qu'il ne lui restait que quelques années pour avoir des enfants et voulait prendre son temps pour trouver l'homme de sa vie.

En 2011, donc, Mamta Shah était fin prête à utiliser les 43 ovules qu'on lui avait prélevés en trois temps. Elle avait trouvé son « prince charmant ». Par une drôle de coïncidence, son mari avait fait congeler son sperme à l'âge de 33 ans avant d'entreprendre des traitements contre le cancer.

Le Centre de reproduction de Montréal a pu générer six embryons viables avec ses ovules, un résultat appréciable. En octobre 2011, l'équipe médicale lui a transféré trois embryons, mais aucun ne s'est implanté. Un an plus tard, elle a fait un deuxième essai, qui s'est aussi soldé par un échec.

« Bien sûr, ça a été une grande déception », concède Mamta Shah, qui y voit tout de même un aspect positif. « Nous avons pu explorer d'autres avenues et apporter des améliorations au procédé de fécondationin vitro, dit-elle. On espère que la prochaine fois sera la bonne. »

Lorsque La Presse l'a rencontrée, en mars, Mme Shah, 43 ans, s'apprêtait à tenter un troisième transfert. Cette fois, l'équipe médicale allait utiliser des embryons que son mari et elle ont fait congeler en janvier 2012 après l'échec de leur première tentative.

Mamta Shah a préféré garder pour elle le résultat de cette tentative. Advenant un échec, elle n'excluait pas de se tourner vers d'autres avenues, comme le don d'ovules, le don d'embryons ou l'adoption. « Mon mari et moi sommes déterminés à avoir une famille », conclut Mme Shah, qui travaille maintenant comme consultante dans le domaine de l'infertilité.