Impossible d'y échapper. Nous sommes exposés à d'innombrables substances potentiellement nocives pour notre corps, par la pollution environnementale, mais aussi par nos choix alimentaires. En transformant la nourriture en énergie, notre propre corps produit également des déchets, comme l'urée ou l'acétone. Cela dit, doit-on en faire le grand ménage?

«Absolument pas! C'est une légende urbaine prônée par des gourous de la santé qui font un fric fou, note Jean-Louis Brazier, pharmacologue et professeur émérite à l'Université de Montréal. Dans l'imagerie populaire, on assimile à tort le foie et les reins à des filtres qui retiennent des résidus ou à une vieille cheminée qui, l'hiver, aurait accumulé un tas de saletés et qu'il faut ramoner. C'est archifaux.»

«Le foie et les reins sont faits pour éliminer les molécules étrangères et celles produites par notre métabolisme. Des enzymes les transforment et les éliminent dans l'eau [l'urine et la bile] de façon continue et dynamique, poursuit M. Brazier. La sueur, de son côté, permet d'éliminer une quantité infime de substances nuisibles.»

Le foie n'a pas besoin de repos ni d'aide et, même à l'occasion d'un excès (comme une cuite!), il met tout au plus 24 heures pour retourner à la normale. «La chlorophylle n'est d'aucune aide pour le foie dans le processus de détoxification. Elle n'est d'aucune utilité reconnue dans l'alimentation humaine», dit la nutritionniste Vanessa Perrone.

Certains agents toxiques laissent tout de même des traces dans l'organisme à plus ou moins long terme, note le toxicologue Claude Viau, directeur de l'Institut de recherche en santé publique de l'Université de Montréal. «C'est le cas de métaux lourds comme le plomb, qui tend à entrer dans nos os, ou du cadmium, qui entre dans les reins. Les BPC et le DTT, par exemple, sont des substances très persistantes.» La toxicité dépend de la composition de la substance, mais aussi du temps et de la durée d'exposition. Souvent, elles sont présentes en infime quantité dans le corps. «Et aucune cure ne peut les éliminer», note l'expert.

Dans le cadre d'une émission sur les mythes alimentaires, la chaîne BBC a invité 10 femmes adeptes de soirées arrosées à faire le plein d'alcool et de malbouffe. Pendant la semaine suivante, la moitié du groupe a suivi une cure de détoxification et l'autre, un régime alimentaire normal, avec vin et café en modération. Les sujets ont été testés (urine, sang et salive) à plusieurs reprises. Le résultat? Aucune différence! Les cures n'aident pas à améliorer la santé des organes, pas plus qu'elles ne favorisent l'éclaircissement du sang ou l'équilibre du pH, ni qu'elles stimulent le système immunitaire, disent les experts.