Les cancers font des ravages. Toutes les heures, 21 personnes reçoivent un diagnostic qui changera leur vie. Neuf en mourront. Parmi ceux qui sont diagnostiqués, 52% sont des hommes pour qui parler de leurs bobos est encore tabou. Mais les nouvelles ne sont pas toutes mauvaises.

Impossible de ne pas les remarquer: les moustachus d'occasion qui participent à la campagne de sensibilisation Movember sont partout. Grâce à eux, novembre est devenu le mois de la sensibilisation au cancer de la prostate. Principal cancer touchant les hommes, le cancer de la prostate n'est cependant pas le seul à causer des ravages chez la gent masculine. Le cancer du poumon arrive au deuxième rang des nouveaux cas de cancer diagnostiqués, suivi du cancer colorectal.

Selon les plus récentes statistiques compilées par la Société canadienne du cancer, au cours de l'année 2012, la hausse globale du nombre de nouveaux diagnostics de cancer s'est poursuivie au Canada. Toutes les heures, 21 personnes reçoivent un diagnostic de cancer et 9 en meurent. De ce nombre, 52% sont des hommes.

Bonne nouvelle, cependant: le taux d'incidence global du cancer chez les hommes de plus de 69 ans est en baisse, principalement en raison de la baisse du taux d'incidence du cancer du poumon liée à un recul du tabagisme, selon Statistique Canada. De plus, le taux de mortalité due au cancer est en déclin chez les hommes de la plupart des groupes d'âge.

Briser les tabous

L'un des effets collatéraux du cancer est la détresse psychologique. Chez les hommes, elle est élevée, notamment parce qu'ils verbalisent peu ce qu'ils ressentent devant la maladie.

«Les femmes ont davantage l'habitude de discuter avec leurs amies quand quelque chose ne va pas. Si elles remarquent par exemple qu'elles ont une bosse à un sein, elles vont le dire à un proche, c'est certain», dit Jeff J. Shamie, directeur général de l'Institut des Cèdres contre le cancer.

«C'est encore un tabou pour les hommes, en particulier pour ceux de ma génération, de parler de leurs souffrances, dit Trevor Payne, musicien, professeur et fondateur du Montreal Jubilation Gospel Choir, qui a eu le cancer de la prostate. J'ai l'impression qu'on a peur de passer pour des faibles si on avoue qu'on souffre et qu'on expose ses problèmes. Beaucoup souffrent en silence. Quand j'ai eu mon cancer, j'ai eu la chance de recevoir l'aide psychologique dont j'avais besoin. C'est pour cela que j'ai voulu, ensuite, aider d'autres hommes à profiter de cette chance.»

La fondation qui porte son nom, le Fonds Trevor Payne contre le cancer chez les hommes de l'Institut des Cèdres du Centre de santé universitaire McGill (CUSM), est spécialement consacrée à l'oncologie psychosociale pour les hommes. Cette discipline intègre le soutien psychologique des patients atteints de cancer à l'ensemble de leurs traitements.

Au CUSM, ce programme est implanté depuis 2008 sous la direction du Dr Marc Hamel. L'équipe est formée de psychologues, de psychiatres, de travailleurs sociaux et d'infirmières spécialisés dans l'intervention auprès des personnes qui se battent contre le cancer. Grâce aux concerts-bénéfices de son ensemble gospel, dont le prochain aura lieu le 20 février à l'Université Concordia, Trevor Payne peut ainsi redonner une partie de ce qu'il a reçu.

D'autre part, grâce à Movember, le cancer de la prostate est devenu moins tabou qu'autrefois.

«Quand Movember a commencé au Québec en 2007, les gens voyaient un moustachu et lui demandaient: Pourquoi as-tu une moustache? Ce n'est plus la mode! Aujourd'hui, ils disent: Ah! Tu fais Movember! As-tu passé ton test de dépistage?», dit Brigitte Filiatrault, porte-parole de Movember.