Il doit s'agir de certains des mots les plus effrayants qu'un homme puisse entendre de la part de son épouse ou de sa partenaire: «J'ai le cancer du sein.»

Tandis que la femme devient le principal centre d'attention - son anxiété, la façon dont elle supporte le traitement et la crainte de la rechute -, les époux passent à travers leur propre enfer émotionnel lorsqu'ils doivent faire face au diagnostic.

La façon dont ils surmontent l'épreuve peut être substantiellement différente que celle des femmes recevant des nouvelles d'un diagnostic de cancer de leur partenaire, affirme Wendy Duggleby, un professeur de soins infirmiers à l'Université de l'Alberta qui étudie le rôle de l'espoir dans la capacité des hommes d'appuyer leur épouse à travers une lutte contre le cancer.

«Nous avons été surpris par le grand impact qu'a le diagnostic de cancer du sein de leurs femmes sur eux», a déclaré Mme Duggleby.

«Certains ont même dit qu'il s'agissait de la pire chose qui leur soit arrivée dans la vie, a-t-elle ajouté. Vous pensez souvent qu'il s'agirait d'avoir soi-même le cancer. Mais ils disaient que ceci était pire.»

Se concentrer sur un plan d'action peut être un mécanisme de réaction pour plusieurs hommes qui ne peuvent qu'offrir un soutien lorsque leurs femmes subissent des tests, des chirurgies, de la chimio et de la radiothérapie suggère la recherche de la Dre Duggleby.

Dans une étude récemment publiée dans le journal Oncology Nursing Forum, l'équipe de Mme Duggleby a interviewé 11 hommes dont les épouses ont eu le cancer du sein, leur demandant de quelle façon ils avaient géré la bataille de leur douce moitié avec la maladie potentiellement mortelle tant pour assurer leur bien-être que pour leur fournir des soins.

Les participants ont dit ressentir une perte de maîtrise. L'un d'eux a confié: «J'étais entièrement impuissant. Ils disent que c'est un réflexe de gars ou un réflexe masculin, vous voulez régler les problèmes, vous voulez corriger les choses. Et, bien sûr, vous ne pouvez pas le faire.»

La Dre Duggleby ajoute que «la première chose qu'ils ont dit était: »nous n'aimons pas aller dans des groupes d'entraide«. Ça ne correspond pas à la façon dont ils gèrent des situations problématiques. Ils ne s'y sentent pas à l'aise. Cela ne correspond pas non plus à ce qu'ils tentent d'accomplir».

Les hommes ont affirmé que le fait de parler de leurs problèmes pouvait leur donner l'impression que ceux-ci étaient pires, déclare la Dre Duggleby. Ils auraient plutôt besoin de faire de l'exercice, écouter de la musique ou assister avec des amis à des événements sportifs ou accomplir d'autres activités.

Donna Czukar, directrice principale des programmes de soutien de la division ontarienne de la Société canadienne du cancer, admet que les hommes sont généralement moins portés que les femmes à fréquenter des groupes de soutien. «Je crois qu'il existe plusieurs façons d'avoir accès à de l'aide, et cela peut ou non être avec un groupe.»

La Société canadienne du cancer offre des informations sur son site Internet pour les patients et leurs proches à propos de cancers de tous types, incluant le cancer du sein, plus délicat encore, en raison de son caractère intime. Le programme One-to-One permet de mettre en contact un homme cherchant du soutien avec un volontaire qui a vécu une expérience similaire, souligne Mme Czukar.

Un homme ayant soutenu sa femme dans sa lutte contre un cancer du sein conseille à ses homologues masculins dans la même situation de ne pas se laisser envahir par la peur, la colère et les autres émotions violentes qui se manifestent avec le diagnostic.

«Soyez fort. C'est le temps d'être héroïques, dans le sens que vous mettez votre vie de côté, vous vous consacrez entièrement à une autre personne et vous aidez votre partenaire», a déclaré Warren Tasker.

«Mais si vous fuyez, si vous partez, vous avez échoué et vous devriez en avoir honte.»