L'arrêt du tabac fait grossir, principalement pendant les trois premiers mois, mais ses effets positifs sur la santé l'emportent largement sur l'inconvénient de quelques kilos en plus, note une étude publiée mercredi.

Analysant les résultats de 62 études parues sur le sujet, des chercheurs français et britanniques font état d'un gain de poids moyen de 4 à 5 kilos un an après l'arrêt de la cigarette.

La prise de poids atteint 1,1 kg à un mois, 2,3 kg à deux mois, 2,9 kg à trois mois, 4,2 kg à six mois et enfin 4,7 kg au bout d'un an, précise l'étude parue dans le British Medical Journal (BMJ).

Jusqu'à cette étude, les publications associaient généralement l'arrêt de la cigarette à une prise de poids moyenne de 2,9 kg, sans précision de durée.

«Mais notre plus grosse surprise a été la variabilité de la prise de poids selon les individus», note Henri-Jean Aubin, professeur de psychiatrie et d'addictologie à Paris, l'un des auteurs de l'étude.

Au bout d'un an, 16% des abstinents avaient même perdu du poids, tandis que 13% avaient pris plus de 10 kg.

«Il est impossible de prédire ce qu'on prendra ou pas au bout d'un an», ajoute le Pr Aubin, tout en reconnaissant que «l'obsession de la silhouette est un obstacle à la réduction du tabac» chez les femmes.

Selon diverses enquêtes, ces dernières sont prêtes à prendre deux kilos au maximum pour s'arrêter de fumer mais, relève M. Aubin, lorsqu'elles parviennent à arrêter, «les satisfactions viennent compenser les craintes», les conduisant souvent à réévaluer leurs priorités.

Les substituts nicotiniques ne changent pas vraiment la donne au bout d'un an, note l'étude, même s'ils ralentissent la prise de poids au cours des deux premiers mois.

En termes de santé, l'avantage d'un arrêt de la cigarette est en revanche «indiscutable» au regard de quelques kilos en plus: «Si vous arrêtez de fumer à 40 ans, votre gain en espérance de vie en bonne santé est de neuf ans», note M. Aubin.

«Les études montrent qu'un petit gain de poids n'accroît pas le risque de décès contrairement à la cigarette», renchérit Estève Fernandez, un professeur associé d'épidémiologie. Dans un éditorial accompagnant l'étude, il relève également qu'à long terme, les abstinents grossissent avec l'âge au même rythme que les non fumeurs.

Le tabac est la principale cause de décès prématuré dans le monde, avec 5,1 millions de morts chaque année, selon l'OMS.