Face à la peur d'avaler une nourriture japonaise contaminée par les rejets radioactifs de la centrale de Fukushima, la première règle est la base de la diététique: «manger varié», explique un expert français qui juge par ailleurs plutôt pertinentes les limites fixées par les autorités.

Tous les habitants du Japon sont préoccupés par les risques éventuellement associés aux aliments du terroir qu'ils consomment depuis l'accident nucléaire de Fukushima, une crainte légitime, mais que l'on peut atténuer par des pratiques de bon sens, selon Olivier Isnard.

«Il est important d'avoir un régime varié, en alternant les types de légumes, poissons ou fruits et d'éviter de manger des aliments provenant tous de la même région», explique ce spécialiste de l'Institut national français de radioprotection nucléaire (IRSN).

Toute la nourriture japonaise n'est pas contrôlée, parce qu'en pratique cela est extrêmement complexe, mais si l'on admet que ce qui est mis en rayon ne dépasse par les limites fixées par le gouvernement, les risques sont selon lui contenus.

«Le fait d'avoir baissé la limite de niveau admissible de césium radioactif à 100 becquerels par kilogramme dans la nourriture en général (moins pour l'eau, le lait et les aliments pour bébé) est une bonne mesure de radioprotection», ajoute-t-il.

Immédiatement après la série d'incidents à la centrale Fukushima Daiichi, le gouvernement japonais avait déterminé des limites provisoires de césium radioactif dans les aliments (500 becquerels par kilogramme) lesquelles ont été drastiquement abaissées le 1er avril dernier afin de minimiser les risques tout en amplifiant les contrôles.

Pour autant, M. Isnard souligne que la règle appliquée au Japon est différente de celle en vigueur en France en pareille situation.

«Au Japon, on bloque la mise sur le marché de produits dont le degré de contamination dépasse les limites fixées (sur la base de mesures effectuées sur des échantillons). En France, à la sortie de la phase d'urgence, on suspend a priori la vente en fonction de certains critères et la mesure permet de lever l'interdiction», précise-t-il.

Une inquiétude enfin demeure concernant les personnes qui n'ont pas été évacuées immédiatement de zones très exposées aux radiations dans les premiers jours et qui ont pu ingérer dans les semaines suivantes des produits locaux très contaminés.

«Il est difficile aujourd'hui d'évaluer les effets d'une éventuelle consommation à ce moment de produits hautement contaminés», souligne M. Isnard, selon lequel, si l'on se réfère aux observations faites par le passé, il faudra attendre quatre ou cinq ans pour voir si finalement apparaît une recrudescence de cancers de la glande thyroïde ou autres.

Quinze mois se sont écoulés depuis le drame de Fukushima survenu à la suite du séisme et du tsunami qui ont dévasté le Nord-Est de l'archipel le 11 mars 2011, et les éléments radioactifs absorbés immédiatement après ont disparu de l'organisme, mais certains, comme l'iode qui se fixe sur la thyroïde, ont eu un impact immédiat dont les conséquences sanitaires ne surviendront qu'après.

En revanche, les mesures d'irradiation interne et externe actuellement effectuées sur les résidents de diverses localités de la zone touchée permettent d'évaluer de quelle façon le corps se charge et décharge en radioactivité, ce qui dépend des doses régulièrement absorbées.

Jusqu'à présent, les résultats des diverses études sont plutôt rassurants.