Santé Canada tient présentement à Montréal des consultations en vue de modifier le règlement entourant l'accès au cannabis médical, une démarche rendue nécessaire par des décisions des tribunaux.

Des représentants de Santé Canada rencontraient trois groupes à huis clos et sur invitation dans un hôtel de Montréal, mercredi après-midi, pour entendre leurs revendications à ce sujet.

Interrogé avant d'être entendu par les représentants de Santé Canada, Marc-Boris St-Maurice, directeur du Centre Compassion de Montréal, se demandait bien de quel côté allait pencher le ministère fédéral, maintenant que les tribunaux ont contraint le gouvernement à clarifier le règlement définissant l'accès au cannabis thérapeutique.

«Si on lit ce qu'ils proposent, le langage tend à faire croire qu'ils veulent le rendre plus accessible. Mais si on regarde leurs actions dans les dix dernières années, ils ne vont pas dans le sens de l'accès» accru, a déploré M. St-Maurice.

«Je crains que notre premier ministre, actuellement, ne soit pas friand du cannabis médical. Est-ce que (la consultation) c'est une façon de mettre ça derrière lui pour les quatre ou huit prochaines années? Ce n'est pas impossible. Est-ce qu'on assiste à un moyen de sauver la face ou de bien paraître pour ensuite restreindre l'accès et dire «bien, on a consulté, et maintenant, on fait autre chose»', a demandé M. St-Maurice.

Ce sont les tribunaux qui ont déterminé que les personnes qui pouvaient démontrer qu'elles avaient une raison médicale de consommer de la marijuana avaient aussi, en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés, le droit de posséder de la marijuana et d'avoir accès à une source légale d'approvisionnement.

De son côté, Santé Canada dit vouloir modifier la réglementation «afin de réduire le risque d'abus et de protéger nos enfants et nos collectivités, tout en améliorant sensiblement la façon dont les participants peuvent se procurer de la marijuana thérapeutique».

Le ministère affirme que «tout changement au programme visera un juste équilibre entre la nécessité d'assurer un accès raisonnable à une source légale de cette substance contrôlée et la responsabilité du gouvernement de la réglementer».

Santé Canada veut notamment retirer le droit aux gens qui consomment du cannabis pour fins médicales de faire pousser eux-mêmes leur marijuana.

M. St-Maurice s'oppose à cette restriction, affirmant que cela est moins coûteux pour le consommateur et que, de toute façon, le cannabis fourni par Santé Canada n'a pas la qualité souhaitée.

Santé Canada affirme que les changements proposés répondent aux préoccupations des Canadiens, plus particulièrement des corps policiers, des services d'incendie, des participants au programme, des médecins et des municipalités.

M. St-Maurice demande aussi à Santé Canada de financer davantage de recherche sur le cannabis médical.

Le militant veut également qu'un comité parlementaire étudie la marijuana médicale, afin que le débat soit mené en toute transparence et devant le public.

Jessica Mayer, représentant un autre groupe, Canathérapie, est aussi venue témoigner devant les représentants de Santé Canada de sa difficulté à avoir accès au cannabis médical. «Ça a été tellement difficile d'accès que moi et ma partenaire avons décidé de créer une compagnie à but non lucratif pour aider les gens à pénétrer le système, parce qu'on s'aperçoit que c'est vraiment une illusion d'accessibilité et non un système qui est facile d'accès», a-t-elle dénoncé.

Elle rapporte que les médecins sont réticents à prescrire le cannabis médical et qu'il faut donc mieux les informer pour contrer cette réticence.