Le gouvernement a annoncé en grande pompe l'automne dernier le lancement d'un projet-pilote afin de tester la possibilité de lancer un programme de dépistage systématique du cancer colorectal à l'échelle de la province. Mais plusieurs mois plus tard, aucun patient n'a encore participé à ce projet a appris La Presse. Pendant ce temps, un nombre grandissant de Québécois demandent de subir une coloscopie, mais puisque aucune ressource supplémentaire n'est encore disponible, l'attente pour subir ce test diagnostique ne cesse d'augmenter.

Le quotidien The Gazette a révélé hier matin que le temps d'attente pour subir une coloscopie a doublé à l'Hôpital général juif au cours des 10 dernières années. Principalement parce que la demande ne cesse d'augmenter. Cet établissement n'est pas le seul à subir cette pression, explique le président de l'Association des gastroentérologues du Québec, le Dr Victor Plourde. «C'est partout pareil. On a fait beaucoup de sensibilisation pour le cancer colorectal au cours des dernières années. Les gens sont de plus en plus au courant. Les patients demandent de plus en plus de subir une coloscopie. Les médecins généralistes demandent aussi plus souvent ce test. La demande augmente. Mais pas l'offre», mentionne le Dr Plourde.

Un Québécois sur 17 sera atteint de cancer colorectal durant sa vie. Ce cancer est au deuxième rang des plus mortels en Amérique du Nord. Chaque année, 9100 Canadiens en meurent, dont 2100 Québécois. Depuis des années, plusieurs gastroentérologues de la province militaient pour qu'un programme de dépistage systématique soit implanté chez les personnes âgées de 50 à 74 ans.

L'automne dernier, Québec a lancé un projet-pilote dans quelques hôpitaux de la province pour tester la possibilité de lancer un programme de dépistage systématique. «Les centres participant au projet-pilote ont été choisis. Mais actuellement, il n'y a rien de fait. On attend les directives du ministère de la Santé», note le Dr Plourde.

Le lancement du programme de dépistage systématique est donc retardé. Le Dr Plourde explique que «plus on attend, plus la population est sensibilisée et plus la demande pour subir une coloscopie augmente». Mais les ressources permettant de réduire cette attente ne seront disponibles que lorsque le plan national de dépistage sera adopté.

Par courriel, le ministère de la Santé a expliqué que le projet-pilote du dépistage systématique du cancer colorectal est en cours. Selon le document transmis, le gouvernement est en train de se préparer à entrer dans la «phase 2».

Le MSSS est en train de «réviser les processus de travail», de «mettre en place un logiciel de monitorage des normes clinique» et un «mécanisme structuré et standardisé d'accès en endoscopie».

Pendant que le Québec tarde à agir, l'Ontario et plusieurs pays européens ont déjà adopté un programme de dépistage systématique. Le dépistage consiste en la recherche de sang occulte dans les selles. Si la présence de sang est détectée, les patients doivent subir une colonoscopie. De récentes études montrent qu'un programme de dépistage universel du cancer colorectal peut faire baisser le taux de mortalité de 40%.