Le comité d'évaluation de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), chargé d'examiner la gestion par l'organisation de la grippe H1N1, a publié jeudi un rapport accablant, pointant de grossières erreurs en matière de communication.

Le comité d'experts a été créé en début d'année par l'OMS en réponse aux critiques accusant l'organisation d'avoir été influencée par les laboratoires pour déclarer la première pandémie du siècle.

Celle-ci a provoqué la production massive de médicaments face à une maladie qui n'a fait que quelque 18 449 décès dans 214 pays et territoires depuis son apparition au Mexique en avril 2009.

Le rapport reconnaît n'avoir «trouvé aucun élément montrant que des intérêts commerciaux auraient influé ou tenté d'influer sur les conseils donnés à l'OMS ou sur les décisions qu'elle a prises». Mais il critique «l'absence de procédures suffisamment solides, systématiques et transparentes pour révéler, reconnaître et gérer les conflits d'intérêts parmi les experts consultés».

Le comité d'évaluation estime ainsi que la décision de ne pas dévoiler l'identité des membres du comité d'urgence «convenait mal pour un comité dont les travaux allaient s'étendre sur plusieurs mois».

«À de nombreux égards, l'OMS s'est bien acquittée de sa tâche pendant la pandémie», mais «elle s'est aussi heurtée à des difficultés systémiques et a montré quelques carences», indique le rapport.

Parmi ces carences figure «l'absence de description cohérente, mesurable et compréhensible de la gravité de la pandémie» de la part de l'OMS, à qui les experts reprochent de ne pas avoir «correctement dissipé la confusion qui existait au sujet de la définition d'une pandémie».

«Dans un des documents en ligne de l'OMS, les pandémies étaient décrites comme causant 'un nombre considérable de décès et de malades', alors que la définition officielle d'une pandémie repose uniquement sur son extension», écrivent les experts.

Le rapport reproche aussi à l'OMS de «ne pas avoir fourni d'éléments d'orientation en temps voulu dans toutes les langues officielles» de l'organisation.

Et la décision de prendre «moins d'initiatives en matière de communication avec les médias après avoir déclaré la phase 6 (la plus élevée, ndlr), par exemple en supprimant les conférences de presse régulières sur l'évolution de la pandémie, était malavisée», poursuit-il.

Dans ses recommandations, le rapport recommande à l'OMS de «simplifier la structure des phases» en cas de pandémie, suggérant d'en adopter trois (situation initiale, phase d'alerte, pandémie) au lieu de six.