Nous connaissons de mieux en mieux ce qui est bon pour notre santé, du moins pour notre santé physique. Non seulement les experts sont-ils accessibles, mais nous sommes aussi friands de leurs conseils. Les motivations sont universelles: avoir plus d'énergie, éviter les maladies, les petites comme les grandes, augmenter sa qualité, voire sa durée de vie. Mais il y a parfois loin de la parole au geste. Pourquoi?

Le vieil adage «un esprit sain dans un corps sain» ne constitue qu'une partie de la réalité. En effet, le lien corps-esprit n'est pas à sens unique. Il faut déjà avoir «un esprit sain» pour avoir le désir et l'énergie de faire des gestes qui soient constructifs pour soi. Et le fait de faire ces gestes contribue à acquérir une vision positive de soi et de sa vie, de son efficacité personnelle, de son pouvoir sur les choses. Alors, par où commencer?

Se connaître

La première étape de tout changement, qu'il soit physique ou psychologique, exige de se connaître. Quel que soit l'idéal vers lequel on tend, notre point de départ demeure nous-même, avec nos habitudes actuelles, nos désirs parfois contradictoires, nos peurs de l'effort, de l'échec et même du succès. C'est tout cela qu'il faut connaître et reconnaître pour amorcer et surtout poursuivre un processus de changement. C'est parfois sur ce plan que l'on doit d'abord travailler pour trouver en soi le réel désir de se faire du bien.

Que nous apportent nos habitudes actuelles, aussi négatives soient-elles, lorsqu'on les évalue intellectuellement? Par exemple, que procure une alimentation trop grasse ou trop sucrée? Le plaisir du goût? Le calme qui accompagne la lourdeur? La sensation du vide comblé - quel vide? La culpabilité qui se substitue à d'autres pensées qui risqueraient d'être plus négatives encore? Le sentiment de désobéir, de se venger? Nos «mauvaises habitudes» n'auraient pas subsisté si elles ne nous apportaient rien. La volonté ne suffit pas. La motivation ne peut être maintenue à coup d'«il faut que». Elle nécessite quelques «j'ai envie de». Ce dont on a authentiquement envie et non ce dont on devrait avoir envie si on était raisonnable. L'être humain n'est pas toujours raisonnable. Il ne faut surtout pas s'en culpabiliser, c'est cela qui fait la richesse de notre vie. Se connaître permet de décider de changer afin de se ressembler davantage, non pour devenir quelqu'un d'autre ou pour correspondre à un modèle universel... à qui personne ne ressemble.

L'amour de soi

Il faut faire une différence entre désirer le changement et désirer changer. Le résultat recherché se prépare facilement. Mais le chemin pour s'y rendre doit être tracé en fonction de ce qui est le plus susceptible de nous convenir et de mobiliser tant notre imaginaire, notre façon de penser que notre comportement et notre recherche de sensations. Nous pouvons mettre à profit notre capacité de nous projeter dans l'avenir et d'anticiper tant les obstacles que les satisfactions. Se voir faire les gestes, ressentir l'effort et le plaisir, imaginer les tentations et le découragement, prévoir des stratégies pour y faire face, tout cela permet d'activer ou de réactiver la motivation. Se donner la chance de réussir ce que l'on entreprend, c'est repartir la roue dans le sens de l'amour de soi.

Rose-Marie Charest est présidente de l'Ordre des psychologues du Québec. Vous pouvez lui faire part de vos commentaires ou suggérer des thèmes de chroniques à vivre@lapresse.ca