Dans la majorité des cas, le diabète gestationnel disparaît à la naissance de l'enfant. Mais les femmes concernées par cette affection pendant leur grossesse vivront toute leur vie avec cette épée de Damoclès au-dessus de leur tête, même si nombreuses sont celles qui négligent cette éventualité.

Environ la moitié des femmes touchées par un diabète gestationnel développeront un diabète de type 2 dans les mois, voire les années, suivant la naissance de leur enfant. Mais une étude montre que moins d'une sur cinq effectue un bilan sanguin dans les six mois suivant l'accouchement. Par la suite, un dépistage est conseillé tous les un à trois ans pour prévenir un retour de la maladie.

Cette étude, menée par le fournisseur de services de tests médicaux Quest Diagnostics et publiée dans la revue «Obstetrics and Gynecology», donne à réfléchir: si elles étaient mieux informées, la plupart de ces jeunes mamans prendraient probablement les mesures qui s'imposent pour réduire les risques de développer un diabète, avec toutes ses complications éventuelles.

«C'est quasiment comme si vous aviez (...) une fenêtre sur l'avenir», explique le docteur Ann Albright, une spécialiste du diabète aux Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). C'est une population qui doit vraiment faire l'objet d'une intervention».

Selon une estimation des CDC, près de 26 millions d'Américains sont diabétiques, pour la plupart avec un diabète de type 2 lié à un surpoids. Des dizaines de millions présentent une intolérance au glucose. Les femmes déjà atteintes avant de tomber enceintes sont étroitement surveillées pendant la grossesse.

Mais selon les CDC, entre deux et 10 pour cent des femmes développent un diabète pour la première fois de leur vie au moment de leur grossesse. Ce diabète gestationnel expose la mère à un risque accru d'accouchement par césarienne et/ou prématuré, ainsi qu'à une prééclampsie (hypertension). L'enfant peut dépasser les quatre kilos à la naissance. Il risque également une hypoglycémie néonatale, ainsi que de développer lui-même un diabète au cours de sa vie.

L'Association américaine du diabète recommande de modifier la prise en charge des femmes enceintes, afin de dépister les simples cas d'intolérance. Généralement, au moment de leur grossesse, les femmes doivent se soumettre à une épreuve d'hyperglycémie provoquée, en ingérant de fortes doses de glucose. Des prises de sang sont régulièrement effectuées dans les deux heures qui suivent pour contrôler leur tolérance au sucre.

Aux États-Unis, près d'un tiers des femmes enceintes ne subissent pas ce test, selon l'étude de Quest, qui a examiné les résultats d'analyses de plus de 900 000 femmes enceintes. Pour certaines, les médecins ont probablement jugé que leur état général ne le justifiait pas. D'autres ont peut-être décidé de passer outre un conseil médical.

Le taux de glycémie reprend un niveau normal quelques semaines après la naissance, mais les médecins insistent sur la nécessité de faire contrôler son taux entre six et douze semaines après la naissance pour en être sûr. Quest a examiné les dossiers des patientes sur les six premiers mois et constaté que 19 pour cent d'entre elles seulement s'étaient effectivement soumises à un dépistage.

«Les femmes sont occupées» avec leur nouvelle famille, observe le docteur Ellen Landsberger, du Centre médical Montefiore à New York. Elles «prennent davantage soin de leurs enfants que d'elles-mêmes».

La bonne nouvelle, c'est que toute personne à risque de diabète de type 2 peut prendre des mesures simples pour éviter d'en arriver là, ou au moins retarder l'échéance: perdre entre 5 à 7 pour cent du poids de départ et pratiquer deux heures et demie d'activité physique par semaine. C'est également valable pour les femmes ayant développé un diabète gestationnel.