L'exercice physique protège contre la démence et la maladie d'Alzheimer. Mais forcer la dose sur le tapis roulant peut avoir l'effet contraire.

C'est du moins ce que soutient une psychologue torontoise, Mary Tierney, de l'hôpital Sunnybrooke. Elle affirme que l'exercice intense diminue le taux d'oestrogène, ce qui a un effet négatif sur les performances cognitives.

Mme Tierney a émis cette hypothèse après avoir vu une étude qui montrait que plus les femmes font de l'exercice, moins leur risque de cancer du sein est élevé. La raison était la baisse du taux d'oestrogène - c'est pour cette raison que la thérapie hormonale à la ménopause augmente le risque de cancer.

Dans une entrevue accordée au site WebMD lors d'une conférence sur l'alzheimer à Vienne, en 2009, la chercheuse ontarienne a expliqué qu'elle a immédiatement fait le lien avec la maladie d'Alzheimer. «On dit souvent qu'on ne peut pas avoir trop d'une bonne chose, disait-elle. Dans ce cas précis, il semble que oui.» Les résultats dévoilés à Vienne viennent d'être publiés dans le Journal of Alzheimer's Disease.

Mme Tierney était particulièrement bien placée pour étudier cette question. Au moment où elle a dévoilé les résultats de ses recherches, elle a publié une étude qui montre que l'exercice modéré, comme la marche, diminue le risque d'alzheimer.

Pour vérifier sa thèse, elle a étudié les dossiers de 90 femmes dans la cinquantaine qui avaient été suivies pendant 15 ans après l'évaluation initiale. Celles qui faisaient de l'exercice modéré risquaient moins de souffrir de la maladie d'Alzheimer que celles qui n'en faisaient pas du tout, mais moins également que celles qui faisaient de l'exercice intense. Dans la catégorie de l'exercice intense, Mme Tierney a regroupé l'aérobie, les longueurs en piscine, la course à pied, le jogging, le basketball, la bicyclette de montagne et le racquetball. La marche, le golf, le volleyball, la bicyclette sur terrain plat, le tennis et le softball sont considérés comme des exercices modérés.

Comment l'exercice intense et le manque d'oestrogène endommagent-ils la mémoire? Des recherches sur les rats montrent que cette hormone pénètre dans le cerveau et aide au fonctionnement de l'hippocampe, qui joue un rôle important dans la mémoire, a expliqué Mme Tierney dans son entrevue avec WebMd.

La chercheuse torontoise veut maintenant réunir un échantillon plus important de femmes pour vérifier la validité des résultats et élargir le type de tests cognitifs. Dans son étude, elle s'est servie de huit tests de mémoire oraux.