L'anesthésie régionale, une anesthésie réalisée sur une zone desservie par un nerf ou un groupe de nerfs, pourrait transformer l'activité du cerveau et modifier la façon de percevoir son propre corps, selon une étude menée par des chercheurs de l'Inserm, publiée dans la revue Anesthesiology. Les chercheurs indiquent que ces résultats pourraient permettre à long terme de se servir des techniques anesthésiques pour le traitement des douleurs évoquées par les personnes amputées.

Pour aboutir à ces résultats, les scientifiques ont suivi 20 personnes ayant prévu d'effectuer une anesthésie du bras afin de bénéficier d'une intervention chirurgicale. Les chercheurs ont montré des images en 3D de mains droites et de mains gauches sous des angles différents à ces patients pour déterminer leur capacité à reconnaître les différents aspects de ce membre du corps humain.

Résultat, les patients anesthésiés ont ressenti des «sensations illusoires» de leur propre bras, à savoir une impression de gonflement, ou une altération de la taille et de la forme de celui-ci. Par ailleurs, les chercheurs ont mis en évidence le fait que ces patients ont mis beaucoup plus de temps à reconnaître une main droite d'une main gauche, et ont également fait beaucoup plus d'erreurs que les personnes non anesthésiées.

Pour le moment, les chercheurs poursuivent leurs recherches pour déterminer les régions cérébrales impliquées dans ce phénomène. Le but étant, à long terme, d'utiliser l'anesthésie à des fins thérapeutiques pour réduire, voire enrayer, les douleurs chroniques ressenties par les patients amputés.

«Il faudra sûrement développer des techniques d'anesthésie nouvelles qui permettront d'inhiber ou de stimuler directement des représentations cérébrales impliquées dans les phénomènes douloureux», expliquent les principaux auteurs de ces travaux.