Depuis trois ans, l'Association des omnipraticiens en périnatalité du Québec (AOPQ) alerte le gouvernement sur la crise qui touche les maternités du Québec. «On a présenté plein de solutions, mais le ministère de la Santé ne fait rien!» déplore la présidente de l'Association, la Dre Andrée Gagnon. Alors que se tient à Québec un important congrès en périnatalité, le premier depuis 30 ans dans la province, la Dre Gagnon croit qu'il est temps de mettre en place des solutions simples pour augmenter le nombre de suivis de grossesse.

Il y a quelques semaines, La Presse a révélé qu'une grave crise touche les maternités du Québec. Le nombre de naissances ne cesse d'augmenter, à un point tel qu'il est de plus en plus difficile pour les femmes enceintes de bénéficier d'un suivi de grossesse. Les obstétriciens et les pédiatres sont surchargés. Les médecins de famille accoucheurs aussi. Et la pratique sage-femme se développe au compte-gouttes.

Pendant plusieurs mois l'an dernier, la Dre Gagnon a participé à un projet-pilote prometteur à l'hôpital de Saint-Jérôme. «Je travaillais avec une infirmière d'expérience. Je voyais mes patientes en suivi de grossesse une fois sur deux. L'infirmière faisait l'autre moitié des rencontres. Ça m'a permis de passer de 250 à 340 accouchements par année! Mais malheureusement, le gouvernement n'a pas prolongé le projet-pilote», déplore la Dre Gagnon.

Au Québec, environ 40% des accouchements sont faits par des omnipraticiens, 58% par des obstétriciens et 2% par des sages-femmes. Plus de 700 de ces intervenants seront réunis aujourd'hui et demain à Québec pour le congrès Enfanter le monde. Selon la Dre Gagnon, cette rencontre tombe à point. «Les intervenants en périnatalité doivent travailler ensemble pour améliorer l'accès», dit-elle.

«On sent qu'il y a beaucoup d'ouverture de tous pour vouloir travailler ensemble», note quant à elle Lucie Thibodeau, présidente de l'Association pour la santé publique du Québec, qui coordonne le congrès.

Solutions

La Dre Maxine Dumas-Pilon, directrice scientifique du congrès, souhaite que les participants trouvent des solutions. «On dit depuis longtemps que ça prend une première ligne plus forte. Selon moi, il faut plus de médecins de famille et de sages-femmes pour suivre les grossesses faciles et pour permettre aux obstétriciens de s'occuper des cas complexes», dit-elle.

En plus de discuter de l'accès, le congrès touchera à plusieurs sujets comme l'allaitement et le fait d'être parent. Il y a 30 ans, les Québécois avaient pu participer à des rencontres intitulées «Accoucher ou se faire accoucher». «À l'époque, l'accouchement était très médicalisé. On s'est un peu améliorés. Certaines interventions chutent, comme l'épisiotomie. Mais le taux de césarienne ne cesse d'augmenter», remarque la Dre Dumas-Pilon.

Selon elle, les intervenants en périnatalité doivent maintenant aller «au-delà des partis pris» et déterminer si «avec le modèle de soins actuel, celui des accouchements potentiellement très médicalisés, on cause plus de tort que de bien».