Le Collège des médecins du Québec a défendu avec virulence son programme de surveillance, hier, à la suite d'un article de La Presse révélant qu'une plainte d'une femme, aujourd'hui en rémission d'un cancer du sein, est à l'origine de l'enquête sur 15 000 mammographies. Il a rappelé que la dernière enquête du genre auprès d'un radiologiste, en 2006, avait révélé une pratique exemplaire.

Selon le Dr Yves Robert, secrétaire du Collège, le radiologiste dont les mammographies font l'objet d'une enquête, le Dr Raymond Bergeron, avait été ciblé par le comité de l'inspection professionnelle il y a plus de deux ans, soit en 2009. Quant à la raison pour laquelle il a fallu un aussi long délai avant d'ouvrir publiquement une enquête, le Dr Robert a d'abord expliqué qu'il faut du temps pour mettre en place une équipe d'experts pour piloter une entreprise de cette envergure.

 

«Un mécanisme d'inspection professionnelle est planifié longtemps à l'avance. Ce n'est pas parce qu'on avait des craintes autour de ce radiologiste-là. On fonctionne par programme, et ce médecin avait plus de 35 ans de pratique. Nous l'avons donc pointé, mais ça aurait pu être un autre médecin. Ce n'est donc pas parce que nous étions inquiets de ce médecin. On a différents indicateurs, l'un d'entre eux aurait pu être l'enquête par le syndic, mais la plainte de la dame est arrivée récemment», a ajouté le Dr Robert.

En fait, la plainte de la patiente, Louise Moreau, a été déposée en juin 2010. À la suite de son dépôt officiel, deux lettres lui ont été acheminées. La première provenait du syndic adjoint du Collège, la Dre Suzanne Richer, et la suivante, peu de temps après, était signée de la main du Dr Marc Billard, secrétaire du comité d'inspection professionnelle.

À ce sujet, on soutient à la direction du Collège que le syndic responsable de recevoir les plaintes fait son travail de façon complètement indépendante.

«Même moi comme secrétaire et le président, le Dr Bernard, ne savons pas si le syndic a reçu une plainte, son objet, la nature de l'enquête et les conclusions. Ça fonctionne en silo, pas parce que nous le souhaitons, mais parce que c'est imposé par le code des professions.»

Les pouvoirs du Collège

Au cabinet du ministre Yves Bolduc, son attachée de presse, Karine Rivard, a répété hier à quel point les «pensées du ministre vont aux patientes». La semaine dernière, le ministre avait salué les mécanismes de surveillance du Collège. Cette fois, Mme Rivard ajoute «que le ministre suit le dossier de près, et qu'il a assuré son entière collaboration à l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal».

Interpellé, le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, le Dr Louis Godin, estime pour sa part que c'est au Collège des médecins de se poser des questions. «Je ne suis pas responsable du Collège. Mais il est clair qu'on doit constamment être en réévaluation de nos façons de faire, estime le Dr Godin. Cela dit, il ne faut pas généraliser et mettre tous les médecins dans le même panier, on parle d'une situation particulière dans le cas du radiologiste.»