Les troubles d'apprentissage (TA) découlent de problèmes neurologiques issus d'un malfonctionnement du système nerveux central. Ils ont ceci de particulier: même s'ils sont invisibles, ils causent bien des tracas à ceux qui les subissent.

Pour bien comprendre le trouble d'apprentissage, il faut d'abord déterminer ce qu'il n'est pas: en tout premier lieu, il n'est pas dû à un manque de potentiel intellectuel.

De fait, explique Lise Bibaud, directrice générale pour l'Association québécoise des troubles d'apprentissage (AQETA) et orthopédagogue de formation, la définition du TA se fait par exclusion: «Il faut d'abord démontrer que ce n'est pas un problème de quotient intellectuel, que l'intelligence de l'enfant se situe dans la moyenne ou est supérieure à la moyenne. Car la déficience intellectuelle est différente d'un trouble neurologique spécifique où les autres habiletés ne pas sont touchées. Ces enfants ne sont pas moins intelligents que les autres.»

Dyslexie (trouble spécifique de la lecture), dyscalculie (difficulté dans l'apprentissage des premiers calculs), dyspraxie (trouble dans la coordination de mouvements complexes), dysorthographie, déficit d'attention... Selon l'AQETA, entre 10 et 15% de la population est atteint de TA. Le diagnostic n'est pas toujours facile à poser, car il existe une grande diversité de troubles d'apprentissage, qui s'expriment de différentes façons: «Cela peut couvrir toutes les sphères cognitives: la motricité, le langage, l'attention, l'organisation, la mémoire», explique la psychologue Marie-Sylvie Lafrance, qui travaille à la commission scolaire de la Pointe-de-l'île.

Faire la différence

Avant de déclarer qu'un enfant a un TA, il est bien important de faire la différence entre difficultés et troubles d'apprentissage, avertit Égide Royer, psychologue et professeur titulaire en adaptation scolaire à l'Université Laval: «Bon an, mal an, sur environ un million d'élèves, 150 000 sont des élèves en difficulté au Québec. Plusieurs cumulent des retards en lecture, en orthographe, en calcul, etc. Avant de déclarer qu'ils ont un TA, il faut procéder par élimination, en faisant des interventions ciblées - une méthode qu'on appelle RTI (de l'anglais «respond to intervention»). Mais si après plusieurs interventions l'enfant n'est toujours pas capable de lire, par exemple, il est temps d'émettre l'hypothèse d'un trouble neurologique. Ce qui est très gênant, c'est de découvrir chez un jeune de 15 ans en difficulté qu'il avait un problème neurologique, finalement!»

Si des jeunes peuvent passer sous le radar de cette façon, c'est que les TA ne sont pas visibles. «C'est un handicap invisible, affirme Mme Bibaud. Le handicap physique, on le voit et on sait comment aider un jeune qui en présente un. C'est beaucoup moins clair lorsque l'enfant ne performe pas et qu'on ignore pourquoi. Ce n'est pas facile de convaincre les gens que c'est vraiment neurologique et pas du tout un manque de volonté ou de capacité de la part de l'enfant: c'est une de ses habiletés qui ne fonctionne pas de la même façon que les autres.»

Un enfant peut ainsi vivre des moments pénibles à l'intérieur d'une classe, ajoute Mme Lafrance. «Le plus gros problème pour eux, c'est d'être incapable de suivre le rythme de la classe. Ils voient bien qu'ils sont en retard, qu'ils sont différents. À ce moment peuvent surgir des problèmes d'estime de soi et, dans les pire des cas, des problèmes de comportement.»

Mais lorsque le TA est pris en charge et qu'on donne des moyens d'adaptation, des outils à l'enfant pour compenser l'habileté déficitaire - comme lui permettre d'imager une compréhension de lecture ou d'utiliser un ordinateur - les espoirs sont permis, croit Mme Bibaud. «Imaginez ce que le monde serait aujourd'hui sans la contribution d'Einstein. Dyslexique, il a même été exclu de l'école. Ces jeunes vont souvent compenser leur trouble avec une habileté très spéciale, comme un côté artistique plus développé. On ne veut pas que la société ne profite pas de cette contribution!»