Ça vous dirait, une petite fondue au chocolat avec votre mammographie? Alors que la recherche remet en question l'efficacité d'un examen annuel, les cliniques américaines cherchent à faire revenir les clientes.

Des cliniques dans tous les États-Unis organisent des «mammographies party» au cours desquelles les clientes peuvent savourer des friandises, profiter de soins de beauté et même gagner des séjours en spa. La clinique Hendersonville Medical Center, à Nashville (Tennessee) offre par exemple des sessions de groupe avec massage. «C'est une atmosphère proche du spa, moins anxiogène, avec de la musique et des soins d'aromathérapie», a déclaré Kim Sutton, directrice du service d'imagerie médicale de la clinique lors d'une interview au Nashville Examiner, le 7 octobre.

Certains s'inquiètent cependant du message véhiculé par cette nouvelle tendance. «Inviter les femmes à des 'mammographies party' n'est pas très sérieux», selon Lynne Hildreth, administratrice du service d'oncologie féminine au Moffitt Cancer Center de Tampa (Floride), citée par le Chicago Tribune. «Une mammographie est un examen médical; la mettre au même plan qu'une séance chez le coiffeur, c'est ne pas tenir compte du risque d'un diagnostic très grave.»

«Je ne vois pas ce que cela a à voir avec le fait de créer une atmosphère positive et d'être mise en confiance avant d'éventuellement apprendre une très mauvaise nouvelle», pense quant à elle la bloggeuse spécialisée dans la santé Michelle Petersen (michellepetersen76.wordpress.com). «D'après l'organisation Cancer Research UK, en 2008 un tiers des femmes au Royaume-Uni ne répondaient pas à leur convocation pour une mammographie», ajoutant que ce type d'encouragement pourrait conduire ces femmes à se faire examiner.

Ce nouveau type de mammographie se développe alors que le débat sur l'efficacité des mammographies régulières fait rage. Une étude publiée dans le New England Journal of Medicine du 23 septembre indique que les mammographies n'ont qu'un impact «modeste» sur la réduction du nombre de décès liés au cancer du sein. Les recherches ont montré qu'une campagne de mammographie en Norvège avait abouti à une baisse de 10% de la mortalité due au cancer du sein chez les femmes entre 50 et 69 ans, un chiffre qualifié de «décevant». Ce chiffre est aussi en deçà de celui de 15 à 20% avancé depuis des années par les responsables de santé publique américains.

Pour en savoir plus sur la mammographie (en anglais): https://www.cancer.gov/cancertopics/factsheet/Detection/mammograms

Pour lire la dernière étude: https://www.nejm.org/doi/pdf/10.1056/NEJMoa1000727