Les jeunes qui passent beaucoup de temps derrière un ordinateur ou devant la télévision sont plus à risque d'engraisser, révèle une étude montréalaise publiée dans l'American Journal of Epidemiology.

Pendant cinq ans, les chercheurs de l'étude Teens and Screens: The influence of Screen Time on Adiposity in Adolescents, ont suivi 744 adolescents au cours de leurs années d'école secondaire.

«Je voulais regarder s'il y avait une association entre le temps passé devant les écrans et le changement dans la masse adipeuse, une mesure très bonne pour la masse corporelle», dit Tracie A. Barnett, l'une des auteurs de l'étude, professeure à l'Université de Montréal et chercheuse au CHU Sainte-Justine.

«Ceux qui ont augmenté de beaucoup leur temps d'écran pendant les cinq années qu'a duré l'étude ont aussi vu leur gras corporel augmenter, alors que ceux qui ont passé moins de temps ont vu leur gras diminuer. On peut donc parler d'une association», poursuit Mme Barnett.

Le contraste est d'autant plus saisissant chez les filles, qui perdent, par rapport aux garçons, plus de gras corporel en passant moins de temps derrière un écran. Toutefois, la corrélation entre gras et inactivité est plus prononcée chez les garçons, selon Mme Barnett.

Plus ils passent du temps face à un écran, moins les jeunes font des activités physiques et plus ils ont tendance à grignoter. «Peut-être que l'on fait moins attention aux signaux qui nous disent que l'on a atteint la satiété», avance Tracie Barnett.

Menée entre 1999 et 2005, l'étude n'a pas pu mesurer l'impact de l'essor de nouvelles formes d'écrans dans la vie des jeunes (téléphones intelligents, iPod) ni celui des médias sociaux. «Les jeunes, quand ils échangent avec leurs amis, ne sont pas complètement immobiles. Notre hypothèse, c'est que le temps passé devant un écran est statique, mais aujourd'hui je mettrais des détecteurs de mouvement», dit Mme Barnett.

L'appétit pour l'écran n'épargne pas non plus les adultes. «On fait tous face au défi de trouver du temps pour faire de l'exercice. L'inactivité est toujours un défi en santé publique», croit Tracie Barnett.

Cependant, le temps passé derrière un écran est stable chez les adultes, alors qu'il peut augmenter chez les jeunes.

Pire: selon Mme Barnett, les 744 participants de l'étude regardaient déjà beaucoup la télévision avant d'arriver au secondaire. Dans la plupart des cas, le temps passé face à un écran est resté au mieux stable. Les parents et les enseignants ont donc tout intérêt à savoir que ce temps passé face à un écran a des conséquences pour la santé. «Mieux vaut prévenir que guérir», croit Mme Barnett.