Une ablation préventive des seins et des ovaires réduit le risque de cancer et de décès chez des femmes présentant une très forte prédisposition génétique à la maladie, selon une étude clinique dont les résultats sont publiés mardi.

«Les femmes ayant hérité des mutations des gènes BRCA1 ou BRCA2 ont un risque nettement plus élevé (de 56 à 84%) de développer un cancer du sein et des ovaires durant leur vie», écrivent les auteurs de cette communication parue dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) daté du 1er septembre.

L'étude de 2482 femmes présentant ces variations génétiques a été conduite dans 22 centres de recherche clinique aux Etats-Unis et en Europe de 1974 à 2008 et des participantes ont été suivies jusqu'en 2009.

Les chercheurs ont déterminé que les femmes ayant ces mutations génétiques et qui ont subi une mastectomie prophylactique ont totalement éliminé le risque de tumeur cancéreuse durant les trois années de suivi médical.

Comparativement, dans le groupe témoin de femmes avec cette prédisposition génétique et n'ayant pas subi d'ablation préventive de leurs seins, 7% ont développé un cancer mammaire pendant la même période.

Les participantes à l'étude avec une variation des gènes BRCA1/BRCA2 ayant eu une ablation des ovaires et des trompes avec conservation de l'utérus (salpingo-ovariectomie), ont également réduit à zéro le risque de contracter un cancer ovarien durant les six ans durant lesquels elles ont été sous observation.

Comparé à un groupe de femmes n'ayant pas eu de salpingo-ovariectomie, celles ayant subi cette procédure préventivement ont réduit leur risque de mortalité de toute cause de 10%.

«C'est la première étude qui prouve que ces interventions chirurgicales préventives prolongent la vie des femmes» ayant ces prédispositions génétiques, souligne le Dr Virginia Kaklamani, directrice de la recherche sur le cancer à l'Université Northwestern de Chicago (nord), co-auteur de cette recherche.

«Ces résultats démontrent également l'importance des tests génétiques quand il y a des antécédents familiaux de cancer précoce du sein et des ovaires», ajoute-t-elle.

«Les médecins généralistes, les gynécologues et les femmes doivent être plus conscients de l'existence de ces tests», poursuit le Dr Kaklamani. Elle insiste sur le fait que «ces tests ne doivent pas à être pratiqués chez le cancérologue» lorsqu'il est déjà trop tard.

De 10 à 20% des cancers du sein et de l'ovaire sont provoqués par certaines variations des gènes BRCA1 et BRCA2.

«La plupart de ces femmes mourront d'un cancer de l'ovaire. Dès lors, avec une ablation de ces organes on peut en sauver jusqu'à 20%», relève le Dr Kaklamani.

«Et on peut sauver la majorité de celles qui développeront un cancer du sein», ajoute-t-elle.