L'opération de la cataracte pratiquée sans hospitalisation et avec une petite cicatrice, peut désormais corriger parfois non seulement la myopie mais la presbytie et l'astigmatisme, permettant presque d'oublier ses lunettes.

Dans un oeil atteint de cataracte, le cristallin s'opacifie et se trouble progressivement et l'acuité visuelle baisse. La personne voit flou, comme dans un brouillard, «elle a toujours l'impression que ses lunettes sont sales», indique le Dr Catherine Boureau, ophtalmologue à l'hôpital Cochin à Paris, à l'occasion du 116ème congrès de la société française d'ophtalmologie (SFO).

Aucun médicament ne peut traiter le problème, qui touche surtout les plus de 60 ans et nécessite une chirurgie, avec remplacement du cristallin abîmé par un cristallin artificiel.

Depuis une quinzaine d'années, «il y a eu explosion des techniques», souligne le Pr Béatrice Cochener, président de la SFO. Au point que, pour certains patients, s'il n'y a pas d'anomalies associées, «on peut envisager de retirer les lunettes».

Le processus chirurgical s'est beaucoup allégé : opération en ambulatoire avec anesthésie locale le plus souvent par gouttes, extraction du cristallin par ultra-sons, pas de fils ni de points de suture, une cicatrice de seulement 2 ou 3mm, une récupération visuelle rapide... «Mais c'est une chirurgie majeure de l'oeil», note le Dr Boureau.

L'implant aujourd'hui est souple, et se pose avec une incision minuscule. Il est aussi adapté aux problèmes de l'oeil du patient.

Le plus classique, le monofocal, corrige très bien les troubles de la vision de loin, tels que myopie ou hypermétropie. Mais il ne corrige pas la vision de près.

Des implants nouveaux, dits «premium», permettent de voir aussi bien de loin que de près et de corriger la presbytie (ce sont les implants multifocaux), voire l'astigmatisme, où la courbure de la cornée est irrégulière (implants toriques). «Le marché est exponentiel !», estime le Dr Boureau.

Les tout derniers nés -encore peu utilisés- corrigent à la fois presbytie et astigmatisme : ce sont les implants «multifocaux toriques».

Ces implants là ne sont pas cependant pour tout le monde.

D'abord, ils diminuent le contraste et ont tendance à former un halo autour des lumières, et donc ne sont pas recommandés à ceux par exemple qui conduisent la nuit. Impossible aussi d'en implanter chez des personnes qui souffriraient de DMLÀ (dégénérescence maculaire liée à l'âge), de glaucome ou d'un fort astigmatisme.

Enfin si l'implant ordinaire est remboursé par la sécurité sociale, le «premium» n'est pris en charge qu'à hauteur de l'implant ordinaire.

À ce jour, 3 à 5% des personnes souffrant de cataracte bénéficient d'un implant premium. «Ce pourcentage pourrait aller jusqu'à 15%», selon le Dr Boureau, pour qui il ne ne faut pas pour autant imaginer que l'on va récupérer ses yeux de 20 ans : «l'oeil est un oeil réparé, on peut encore avoir besoin de lunettes pour lire», dit-elle. Pour elle, la vie qui s'ouvre alors n'est pas une vie «sans lunettes», mais avec «moins de lunettes».

Enfin, on peut combiner les chirurgies -faire à la fois cataracte et glaucome, cataracte et greffe de la cornée, cataracte et décollement de la rétine...

À l'occasion du congrès, la SFO a publié un volumineux rapport sur les uvéites, des inflammations qui touchent 1 personne sur 1000 et constituent 10% des causes de cécité dans les pays industrialisés. Les uvéites, qui déforment la pupille, se traduisent souvent par des glaucomes et des cataractes.