Les patients atteints de la maladie de Parkinson ont deux à trois fois plus de risques d'avoir un cancer de la peau. Mais une incertitude demeure quant à la signification de ce lien: le cancer est-il un effet secondaire du médicament, ou s'agit-il d'une autre conséquence des causes premières de la maladie?

Quelle que soit la réponse, les affres du parkinson pourraient se révéler une source de vie pour les autres victimes du cancer.

 

«Certains cancers de la peau surviennent avant le début de la médication», explique Rivka Inzelberg, directrice de la neurologie au centre médical Sheba, en Israël, qui a publié une analyse du risque de cancer chez les patients atteints de parkinson en 2009 dans le Journal of Neural Transmitters.

«Aucun lien n'a été établi de façon définitive avec la médication. Mais cela reste une possibilité. De l'autre côté, des études animales ont établi un lien entre la dopamine et la vascularisation des tumeurs, la création de vaisseaux sanguins qui leur permettent de croître plus vite. La dopamine inhibe la création de vaisseaux sanguins, ce qui pourrait expliquer pourquoi les mélanomes sont plus fréquents avec le parkinson, qui est aussi lié à la diminution de la dopamine.»

Lien inverse

L'an dernier, une étude américaine a montré que le lien inverse est aussi vrai: les personnes qui ont des proches ayant eu des mélanomes ont deux fois plus de risques de contracter la maladie de Parkinson.

Les médecins traitant des patients sont habitués à surveiller les symptômes précurseurs du cancer de la peau, tout particulièrement des mélanomes, selon la Dre Inzelberg.

«Mais ça n'est pas encore entré dans les lignes directrices internationales. Ça ne saurait tarder.»

D'autres cancers sont, au contraire, moins fréquents chez les patients atteints de parkinson, selon la Dre Inzelberg.

«On essaie de comprendre pourquoi, dit-elle. Quand on aura des réponses, les patients atteints de parkinson pourraient devenir les sauveurs des autres patients atteints de cancer. Les mécanismes qu'on déterminera pourraient être très importants pour les traitements anticancer en général. Il y a sûrement un autre lien que l'effet de la dopamine sur la vascularisation des tumeurs, parce que, sinon, il n'y aurait pas de différence entre les cancers de la peau et les autres cancers.»

D'une manière générale, le parkinson diminue de 12% à 50% le risque de cancer, selon la Dre Inzelberg.

«Les versions précoces du parkinson semblent donner davantage de protection», dit-elle.

Les cancers liés à la cigarette sont aussi moins fréquents et plusieurs études ont avancé que la nicotine pourrait avoir un effet protecteur contre le parkinson.

Le cancer n'est pas la seule maladie associée - positivement ou négativement - au parkinson.

L'an dernier, des neurologues néerlandais ont décrit dans la revue Nature Reviews Neurology le lien entre le parkinson et les accidents vasculaires cérébraux: les AVC sont jusqu'à 85% plus fréquents chez les patients atteints de parkinson et, inversement, un AVC augmente de 65% les risques de contracter le parkinson, sur une période de suivi de 10 ans.