Les femmes victimes d'un infarctus en meurent deux fois plus que les hommes, selon des travaux français dévoilés mardi aux États-Unis, qui préconisent d'appliquer les mêmes traitements aux deux sexes en dépit des différences physiologiques.

Cette étude, menée auprès de 3000 hommes et femmes hospitalisés à la suite d'une crise cardiaque, a montré que celles-ci avaient eu beaucoup moins d'angiographies - technique médicale pour voir les vaisseaux - ou d'angioplasties - méthode consistant à dilater une artère coronaire rétrécie avec une sonde munie d'un ballonnet gonflable - que les hommes.Cette recherche réalisée dans la région de Franche-Comté en 2006 et 2007, a montré que ces femmes avaient ainsi deux fois plus de risque de décéder d'un infarctus dans les trente jours que les hommes.

Les résultats «laissent penser que nous pourrions réduire la mortalité des patientes en recourant plus systématiquement à des procédures plus agressives» d'examen et d'intervention, a expliqué le Dr François Schiele, chef du service de cardiologie à l'hôpital universitaire de Besançon, principal auteur de l'étude.

«En l'absence de contre-indications, les femmes devraient être traitées avec toutes les stratégies recommandées, y compris les plus agressives» appliquées aux hommes, a-t-il insisté devant la presse en marge de la conférence annuelle de l'American College of Cardiology réunie jusqu'à mardi à Atlanta (Georgie, sud-est), où il a présenté ces travaux.

«On met le doigt sur quelque chose qui est ancien mais toujours d'actualité et il est temps d'agir différemment», a aussi expliqué le Dr Schiele dans un entretien avec l'AFP.

«On est en train de réfléchir à une surveillance et à des traitements plus spécifiques chez la femme, pour qui les symptômes sont différents», plus diffus, ce qui fait que les médecins peuvent rater le diagnostic, a-t-il poursuivi.

Outre les difficultés à détecter une maladie cardiovasculaire, il est aussi difficile de la traiter alors que par exemple la technique très au point de l'angioplastie a été validée pour les hommes.

«On s'attend à de grosses artères bien droites et on tombe chez la femme sur de petites artères tortueuses», a noté le cardiologue français. Il a souligné par exemple que le stent - petit ressort métallique pour garder une artère ouverte - fonctionne parfaitement chez une femme mais demande une préparation des médecins.

Les saignements plus abondants chez les femmes traitées avec des anti-coagulants après un infarctus sont un autre problème sérieux car les médicaments ont été dosés pour des hommes, a relevé le Dr Schiele notant que «les choses commençaient à bouger» surtout aux États-Unis.

«Depuis longtemps on ne faisait pas de différence entre hommes et femmes, mais maintenant on accepte moins, avec raison, la différence de mortalité cardiovasculaire», a-t-il ajouté.

«Quasiment tous les grands centres hospitaliers américains ont un programme consacré spécifiquement à la santé féminine», a souligné lors de la présentation le Dr Marcelo Di Carli du Brigham & Women's Hospital à Boston (Massachusetts, nord-est). «Les choses évoluent dans le bon sens car il y a beaucoup de recherches en cours».