Pratiquer la méditation zen serait un rempart efficace contre la douleur physique et ferait croître la quantité de matière grise du cerveau, rapportent des chercheurs de l'Université de Montréal.

Les adeptes de la méditation supportent beaucoup mieux la douleur induite par une chaleur intense que les gens n'ayant jamais pratiqué l'art millénaire, ont en effet constaté le doctorant en physiologie Joshua Grant et son équipe.Ceux-ci ont recruté 17 personnes qui méditent régulièrement. Ces gens avaient en moyenne 6400 heures de méditation zen à leur actif. «Ce ne sont pas des moines, mais bien des gens ordinaires comme vous et moi, qui font de la méditation depuis longtemps», précise l'étudiant. Un groupe contrôle était formé de 18 personnes ne pratiquant pas la méditation.

Les chercheurs ont pressé une plaque chaude sur les mollets des participants, en augmentant la température jusqu'à ce que le seuil de tolérance soit atteint ou à un maximum de 53 ºC, la limite avant la brûlure. Les non-adeptes toléraient en moyenne une température maximale de 48 ºC, alors que les adeptes de la méditation se rendaient en moyenne à 50 ºC, et certains à 53 ºC.

Mais la découverte prend tout son sens lorsqu'on visualise le cerveau des sujets à l'aide de l'imagerie par résonance magnétique. Les adeptes de méditation zen ont une épaisseur de fibres nerveuses plus grande dans certaines zones du cerveau associées à la douleur et aux émotions, entre autres dans le cortex cingulaire antérieur. Plus ils ont pratiqué longtemps la méditation, plus ces zones sont épaisses et meilleure est leur résistance à la douleur.

Joshua Grant explique qu'avec la pratique répétée de la méditation, le cerveau semble s'habituer à la douleur. «Pour la plupart des gens, garder les jambes croisées et le dos droit pour une longue période est douloureux. La circulation est parfois coupée dans le bas des jambes pendant qu'ils méditent.»

Mais cette explication ne suffit pas. «Il y a des zones du cerveau, comme celle associée à la sensation des mains, qui sont aussi plus épaisses chez ceux qui méditent. Or, on sait qu'un certain type de méditation demande aux adeptes de se concentrer sur la perception de leurs mains. C'est une hypothèse, on recherche des explications encore plus solides. Mais le fait de se concentrer longtemps, à répétition, changerait la structure du cerveau.»

Si d'autres études viennent confirmer le lien entre méditation, douleur et matière grise, de nouvelles thérapies pourraient voir le jour. «La méditation pourrait permettre à des gens qui ont subi des dommages à la suite d'une commotion ou d'un accident vasculaire cérébral de retrouver les fonctions de leur cerveau», mentionne le chercheur.

Capacités cognitives

La méditation pourrait aussi contrer certains effets du vieillissement puisqu'elle augmente vraisemblablement le nombre de connexions entre les neurones. Ces connexions diminuent normalement avec l'âge, entraînant une réduction notoire de la matière grise. «C'est ce qui provoque des maladies dégénératives chez certaines personnes, comme la démence. La méditation pourrait aider à préserver les capacités cognitives plus longtemps. Certains maîtres de la méditation zen ont plus de 100 ans et sont toujours très alertes. Ce n'est probablement pas une coïncidence.»

Dans une recherche antérieure, l'équipe de Joshua Grant avait trouvé que la fréquence de respiration plus lente des adeptes de la méditation pourrait les aider à atténuer la sensation de douleur en relaxant le corps.

La prochaine étape : visualiser en temps réel l'activité du cerveau des sujets pendant l'épisode de douleur. Joshua Grant pense que cela lui permettra d'avoir un tableau complet des effets de la méditation sur les processus mentaux.

Les plus récents travaux, menés sous la supervision du neuropsychologue Pierre Rainville, sont rapportés dans la revue scientifique Emotion.