Un verre de lait, c'est bien, mais deux, c'est... trop. C'est du moins la conclusion à laquelle arrive un chercheur de l'unité d'épidémiologie du CHUM, qui, avec une collègue de l'Institut européen du cancer, est parvenu à établir un lien entre la consommation élevée de lait et l'augmentation du risque de souffrir d'un cancer de la prostate.

Parviz Ghadirian, directeur de l'Unité de recherche épidémiologique du CHUM, s'est penché sur le cas de 197 patients ayant un diagnostic du cancer de la prostate et un groupe témoin de la même importance. Sa collègue italienne Sara Raimondi et lui ont mesuré les corrélations entre ce cancer et plus de 200 produits alimentaires pour conclure que seuls les produits laitiers représentent un facteur de risque avec ce type de cancer.

 

Selon leurs conclusions, si on consomme plus de 470 g de produits laitiers par jour, le risque d'être atteint d'un cancer de la prostate est deux fois plus élevé qu'avec une consommation de 125 g (400 g équivalent à 400 ml, ou à deux verres de lait.) En comparant différents produits (lait, fromage, yogourt, crème), le Dr Ghadirian et la Dre Raimondi n'ont par ailleurs établi de lien que dans le cas du lait, qui compte pour 400 des 470 g consommés quotidiennement.

Les deux chercheurs sont à l'origine d'une étude qui a déjà fait beaucoup de tapage médiatique en démontrant un lien de causalité entre la consommation de viande rouge et le cancer du pancréas. Ce n'est pas la première fois que le lait est mis en cause dans le cancer de la prostate. On a toutefois tantôt montré du doigt le gras animal qu'il contient, tantôt le calcium, qui empêcherait de métaboliser la vitamine D.

Dans ce cas-ci, les auteurs signalent qu'il se peut que les répondants aient sous-évalué leur consommation d'autres produits laitiers parce qu'elle est moins régulière que celle du lait. Une corrélation a aussi été observée avec la consommation de céréales au déjeuner, mais les chercheurs l'attribuent au lait qui accompagne généralement les céréales.

Selon les professeurs Ghadirian et Raimondi, il reste à établir un mécanisme «encore inconnu» sur l'interaction entre certaines composantes du lait et d'autres produits alimentaires pour augmenter le risque de cancer. Le Dr Ghadirian n'était pas disponible, hier, pour commenter publiquement son étude, mais ses travaux ont déjà été publiés.