Les verrues génitales sont fréquentes mais encore mal connues du public, malgré leur impact sur la vie psychologique et sexuelle des jeunes femmes, déplorent des spécialistes.

«Cette infection est fréquente et ne fait qu'augmenter et les populations jeunes sont particulièrement touchées, avec un pic d'incidence chez les 15-24 ans», souligne le Dr Brigitte Letombe présidente de la Fédération nationale françaises des collèges de gynécologie médicale (FNCGM) et sexologue.

90% de ces «boutons mal placés» sont liés à l'infection par les papillomavirus de type 6 et 11, ajoute-t-elle.

Ces petites excroissances, disgracieuses mais bénignes, qui touchent aussi les garçons, peuvent être source de honte et de colère chez les femmes au début de leur vie sexuelle, explique Marie Veluire, gynécologue-obstétricien et sexologue.

De surcroît, la peur de la récidive est mal vécue et peut entraîner un repli social et amoureux, surtout si le partenaire «horrifié» par ces lésions a «largué» la patiente, dit-elle.

«Il faut expliquer que l'on peut développer ces verrues plusieurs mois après avoir rencontré le virus», souligne-t-elle. Ce n'est donc pas forcément l'ami du moment qui a transmis l'infection. Il arrive aussi qu'elle se transmette sans pénétration ou fluides, par exemple lors de jeux sexuels (caresses avec les mains, la bouche...), dit-elle.

De plus en plus de cas

Quelque 50 000 cas sont diagnostiqués par an chez les femmes, d'après une étude réalisée auprès de gynécologues. Pour les moins de 30 ans, l'incidence annuelle est estimée à 600 cas/100 000.

Les traitements (crèmes locales, destructions par le froid ou le laser, chirurgie, selon les cas) peuvent avoir un impact négatif sur la vie sexuelle et émotionnelle en raison de leur inconfort, car tout cela se règle pas toujours rapidement et les récidives peuvent être fréquentes (20 à 30% des cas), selon Mme Veluire.

En France, les données spécifiques sur les conséquences de ces verrues font défaut. Une étude baptisée Qualicae (résultats en 2011) devrait apporter un éclairage à ce sujet.

Après en avoir eu, la plupart recourent au préservatif systématique, mais le préservatif ne protège pas de façon absolue, avertit le Dr Veluire.

Le vaccin Gardasil contre le cancer du col de l'utérus d'origine virale apporte aussi une protection contre les verrues génitales, ajoute le Dr Letombe. En Autralie, une couverture vaccinale élevée des filles d'âge scolaire (70%) aurait ainsi réduit de moitié la survenue de ces condylomes féminins.