Le vendredi 12 février, Wendy Wray vous invite à porter du rouge.

Ce sera la première journée de sensibilisation à la santé cardiovasculaire féminine qu'organise le Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

«Les maladies cardiovasculaires tuent davantage de femmes que les cancers du sein, de l'utérus et du col de l'utérus réunis», explique Mme Wray, qui est infirmière en cardiologie au CUSM.

«On associe davantage les problèmes cardiaques aux hommes. Les femmes sont relativement épargnées avant la ménopause, mais après, elles rejoignent et même dépassent les taux des hommes. Huit professionnels de la santé sur dix ignorent la gravité du problème pour les femmes.»

 

Le problème, c'est que les symptômes sont différents chez les deux sexes.

«Un homme aura une douleur au centre de la poitrine, peut-être au bras gauche. Les femmes vont plutôt se sentir fatiguées, pas en forme et parfois avoir un vague malaise à la poitrine et au dos. Aux urgences, ce n'est pas détecté aussi rapidement qu'une crise cardiaque chez un homme, dit-elle. Les patientes elles-mêmes ne soupçonnent pas qu'elles ont un problème cardiovasculaire, alors qu'elles guettent chaque malaise de leur mari. Auparavant, les femmes avaient des habitudes de vie plus saines que les hommes, notamment sur le plan de la cigarette et de l'alimentation, mais les différences diminuent au détriment des femmes.»

L'infirmière du CUSM a lancé l'an dernier une clinique de cardiologie féminine pour prévenir les maladies cardiovasculaires chez des patientes à risque. Plus de 110 patientes sont déjà inscrites.

À l'Institut de cardiologie de Montréal, Anil Nigam confirme que les symptômes sont différents.

«En cardiologie, c'est connu de longue date, dit le cardiologue. Les symptômes souvent ne sont pas classiques. Il y a un essoufflement, des malaises qui semblent être atypiques des problèmes cardiaques. On est plus prudent quand on évalue les femmes. On pousse plus les investigations avant de dire que ce n'est pas cardiaque. Ça prend un degré de connaissances plus spécialisé. À nos urgences, nous sommes habitués.»

Est-il possible que les omnipraticiens décèlent moins bien les problèmes cardiovasculaires chez les femmes? Et que cela soit en quelque sorte le pendant des problèmes de suivi médical chez les hommes, qui vont beaucoup moins voir leur médecin que les femmes?

«Oui, on peut considérer cela», dit le Dr Nigam.

Chaque année, davantage de femmes que d'hommes meurent de problèmes cardiovasculaires, a noté en 2000 une étude de l'Université Columbia à New York.

Les femmes cardiaques sont moins susceptibles que les hommes d'avoir une cathétérisation, une angioplastie, un pontage, de participer à un programme de réhabilitation cardiaque et de retourner au travail après un infarctus.

Comme les problèmes cardiaques des femmes sont plus souvent ignorés, ils causent plus de problèmes parce qu'ils sont plus avancés quand ils sont détectés, a ajouté l'étude new-yorkaise.

Le mois dernier, une étude de l'Université du Massachusetts a confirmé que la tendance n'avait pas changé: en regroupant 44 études publiées entre 1960 et 2008, les chercheurs ont calculé que les femmes attendent plus longtemps que les hommes pour avoir un traitement après un infarctus.

 

 

Un risque de 10% à 19% est considéré comme un risque modéré.

Le risque doit être réévalué à tous les trois à cinq ans.

EXEMPLE DE CALCUL

Un fumeur de 53 ans dont le père est mort d'une crise cardiaque à un jeune âge a plus d'une chance sur quatre d'avoir une maladie cardiovasculaire avant 63 ans (un risque de 13,3% multiplié par deux par l'antécédent familial).