Les antidépresseurs paraissent avoir des effets très limités contre les dépressions légères ou modérées et ne faire une réelle différence que contre les états dépressifs graves, selon une analyse des résultats de plusieurs essais cliniques publiée mardi.

Les antidépresseurs sont la norme pour traiter les dépressions sévères, contre lesquelles ils donnent des résultats, mais il y a peu d'indications selon lesquelles ils auraient un effet thérapeutique réel pour les dépressifs légers ou modérés, explique le Dr Jay Fournier de l'Université de Pennsylvanie, principal auteur de cette recherche.Ces chercheurs ont procédé à une méta-analyse des données provenant de six essais cliniques étendus dans lesquels différents antidépresseurs étaient comparés tandis que des patients recevaient des placebos. Certains malades étaient hospitalisés, d'autres non.

«Les véritables effets de ces traitements antidépresseurs par rapport aux placebos ont été inexistants ou négligeables chez les patients souffrant d'un état dépressif léger ou plus prononcé, alors qu'ils ont été très forts chez les malades atteints de dépression très grave», précise le Dr Fournier.

«Le fait que les patients doivent souffrir de dépression très grave pour que les antidépresseurs soient réellement efficaces est la conclusion la plus surprenante de notre méta-analyse, d'autant que la majorité des personnes souffrant de dépression légère ou modérée se voient régulièrement prescrire ces médicaments», ajoutent les auteurs de l'étude parue dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) daté du 6 janvier.

«Les médecins (prescrivant ces antidépresseurs, ndlr), les législateurs et les consommateurs ne sont peut-être pas conscients du fait que l'efficacité des médicaments est en grande partie établie sur la base d'essais cliniques ayant porté exclusivement sur des sujets souffrant des formes les plus graves de dépression», poursuit ce médecin.

Ce détail important est omis dans les messages de promotion commerciale de ces traitements auprès des médecins et du public, déplorent ces chercheurs.