Les femmes restent plus vulnérables face à la maladie que les hommes en raison de la persistance d'inégalités sociales, prévient lundi l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un rapport intitulé «Les femmes et la santé».

«Il est temps que les filles et les femmes reçoivent ce qui leur est dû; de faire en sorte qu'elles obtiennent les soins et le soutien dont elles ont besoin pour jouir d'un droit humain fondamental à chaque moment de leur existence, c'est­à­dire de leur droit à la santé», a expliqué la directrice de l'OMS, le docteur Margaret Chan.

Alors qu'elles assurent la grande majorité des soins de santé prodigués dans le monde, elles ne bénéficient pas en retour des réponses médicales appropriées à leurs besoins et problèmes spécifiques, souligne l'OMS.

«Si les femmes sont privées du droit de réaliser pleinement leur potentiel en tant qu'être humain, et en particulier de leur capacité à mener une vie en meilleure santé et quelque peu plus heureuse, peut-on parler globalement d'une société réellement saine?», s'est interrogée le docteur Chan lors de la présentation du rapport.

Le manque d'accès à l'éducation, l'absence de pouvoir de décision et la faiblesse de leurs revenus limitent la capacité des femmes à protéger leur propre santé ainsi que celle de leur famille, indique le rapport.

«Dans de très nombreuses sociétés, ce sont les hommes qui exercent le pouvoir politique, social et économique. (...) Ces inégalités dans les rapports de pouvoir se traduisent par un accès inégal aux soins de santé et une maîtrise inégale des ressources sanitaires», a ajouté la responsable onusienne.

Une situation dont pâtissent par exemple les femmes atteintes du cancer de l'utérus, deuxième cancer féminin et qui peut être prévenu par un vaccin. Malgré cela, il a encore tué 250.000 femmes en 2005, selon l'OMS. «Ces morts ne devraient pas avoir lieu», a déploré Margaret Chan.

Dans son rapport, l'OMS s'inquiète particulièrement de la situation des femmes âgées, toujours plus nombreuses en raison du vieillissement de la population et d'une espérance de vie plus longue que pour les hommes.

«La société doit se préparer dès à présent à prendre en charge les problèmes de santé et les coûts associés à la vieillesse», prévient le rapport.

L'OMS demande aux gouvernements de faire des efforts financiers pour «assumer les coûts de la prise en charge sanitaires de ces femmes âgées», notamment dans les pays en voie de développement où le poids est souvent porté par les familles.

Répondre aux besoins de santé de ces femmes âgées passe également par une meilleure compréhension des maladies dont elles souffrent, selon l'OMS.

Alors que le sida, la tuberculose et les risques associés à la grossesse restent les principales causes de mortalité chez les femmes entre 15 et 45 ans, les plus de 60 ans souffrent surtout de troubles cardiaques et d'accidents vasculaires cérébraux, des maladies habituellement associées aux hommes.

«Les femmes présentent souvent des symptômes différents de ceux des hommes, ce qui induit des erreurs de diagnostic», fait remarquer l'OMS.