Les Noirs américains ont un risque nettement plus élevé de décéder du cancer de la prostate, du sein et de l'ovaire que les autres races en raison de facteurs biologiques et génétiques, selon une étude publiée mardi.

Ces travaux sont les premiers à montrer que les différences dans la survie au cancer entre Noirs et Blancs observées depuis plusieurs décennies ne sont pas seulement dues à la pauvreté et aux disparités dans l'accès aux soins, soulignent les auteurs de l'étude parue dans la version en ligne du Journal of the National Cancer Institute (JNCI).«Les traitements et leur qualité étaient les mêmes pour tous les malades dans cette étude», explique le Dr Kathy Albain, une cancérologue du centre du cancer de l'Université Loyola près de Chicago, principal auteur de cette recherche qui a porté sur près de 20 000 patients ayant participé à des essais cliniques.

«Les résultats de l'étude mettent en doute la théorie dominante selon laquelle les afro-américains ont un taux plus bas de survie au cancer que les autres races à cause de la pauvreté, d'un moindre accès aux soins de qualité et à d'autres facteurs socio-économiques», ajoute-t-elle.

Si la pauvreté était seule responsable de cette disparité entre Noirs et Blancs dans la survie, on l'observerait pour tous les cancers, ce qui n'est pas le cas, affirme ce médecin.

L'étude n'a pas fait ressortir de différence statistique notable entre la race et la survie pour les cancers du poumon, du colon ou les leucémies.

«La bonne nouvelle pour les Noirs américains est que pour la plupart des cancers, ils ont le même taux de survie que toutes les autres races», note le Dr Albain.

L'étude a montré que les femmes noires américaines avaient 49% plus de risques de décéder d'un cancer du sein peu avancé à la ménopause que les femmes d'autres races. Avant la ménopause, la probabilité de mourir d'un cancer du sein était 41% plus grande pour les Noires.

Pour le cancer ovarien, les Noires américaines courraient un risque 61% plus élevé d'en décéder que les femmes des autres races dans cette étude qui comptait 12% d'Afro-américains ou environ 2.500.

Chez les hommes noirs ayant participé à cette recherche, le risque de mourir d'un cancer de la prostate était 21% plus grand que pour les Blancs et les autres races, indique cette étude qui a effectué un suivi des traitements pendant au moins dix ans.

Les cancers pour lesquels il y a une différence notable dans le taux de survie entre les Noirs et les autres races sont liés au genre avec les cancers du sein et de l'ovaire pour les femmes et de la prostate pour les hommes.

Ceci laisse penser que cette différence dans la survie doit résulter de l'interaction complexe entre des facteurs biologiques dans la tumeur et des variations héréditaires de gènes contrôlant le métabolisme et les hormones, précise le Dr Albain.

Les individus ayant des caractéristiques différentes de ces gènes métabolisent les anti-cancéreux et leurs propres hormones différemment et subissent aussi des effets secondaires autres.

«Nous menons activement de nouvelles recherches basées sur les résultats de cette étude pour explorer les interactions entre la biologie des tumeurs, les traitements, le sexe, la race, l'hérédité génétique et le taux de survie», a indiqué le Dr Albain.